De la pertinence éthique et anthropologique de Dignitas personae

Publié le 16 Jan, 2009

Pierre-Olivier Arduin, responsable de la Commission bioéthique du diocèse de Fréjus-Toulon, revient sur l’Instruction Dignitas personae (cf. Synthèse de presse du 12/12/08) et analyse pourquoi l’Eglise dit non à l’Assistance médicale à la procréation (AMP), y compris entre époux. L’Eglise réaffirme en effet le lien indissoluble entre le don de la vie et la dignité de l’amour humain ; l’Instruction rappelle "la reconnaissance inconditionnelle de la dignité de la personne à tout être humain depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle" et "la dignité inviolable du mariage et de la famille qui constituent le contexte authentique où la vie humaine trouve son origine".

L‘Instruction ajoute que "les nouvelles technologies doivent respecter trois valeurs fondamentales : a/ le droit à la vie et à l’intégrité physique de tout être humain depuis la conception jusqu’à la mort naturelle ; b/ l’unité du mariage qui implique le respect mutuel du droit des conjoints à devenir père et mère seulement l’un à travers l’autre ; c/ les valeurs spécifiquement humaines de la sexualité qui exigent que la procréation d’une personne humaine doit être poursuivie comme le fruit d’un acte conjugal spécifique de l’amour des époux".

Or, l’AMP manipule l’acte conjugal, réduisant celui-ci à sa dimension purement biologique en lui ôtant la communion interpersonnelle conjugale et son expression corporelle. Une récente étude de l’INED* sur le vécu existentiel des couples qui ont recours à l’AMP (cf. Lettre mensuelle n°104) "confirme indirectement l’analyse éthique du Magistère". D’après les auteurs, "l’équipe biomédicale semble en effet régir et exercer une emprise de plus en plus forte sur l’homme et la femme en s’immisçant dans leur intimité conjugale". L’étude démontre ainsi le malaise des hommes face à la masturbation nécessaire au recueil du sperme et celui des femmes qui "vivent très mal cette mainmise sur leur féminité évoquant une dépersonnalisation de leur corps manipulé comme un objet par les médecins et qui n’est plus considéré que sous l’angle d’une machine à produire des ovocytes".

Les dégâts psychologiques engendrés par l’AMP sont tels que plus de 40% des couples abandonnent ce processus après une ou deux tentatives fructueuses. Et, que dire du taux d’insuccès de l’AMP qui se situe entre 80 et 85%, d’autant plus difficile à vivre que l’image d’une médecine toute-puissante est largement relayée et entretenue.

En plus de "pervertir la signification anthropologique de la sexualité et de la procréation humaines", l’AMP "entame aussi irrémédiablement le respect de la dignité de l’être humain". L’AMP se constitue de manière intrinsèque d’un rapport de domination entre le ou les sujets producteurs et l’objet produit : de don, l’enfant devient un dû. De plus, selon l’Instruction, plus de 80% des embryons produits sont sacrifiés : le rendement reproductif justifiant "le traitement purement instrumental des embryons". Ensuite, sans même évoquer le tri sélectif des embryons via le diagnostic préimplantatoire (DPI), on sait que l’AMP est "une pratique eugéniste", les embryons issus d’une fécondation artificielle classique étant classés afin de ne garder que les plus "vigoureux"…

Enfin, comment ne pas évoquer la possibilité proposée, parfois à l’avance, aux parents d’abandonner à la recherche leurs embryons qui ne seront pas réimplantés ? "Quelle différence y a-t-il alors avec l’intention de créer des embryons in vitro à des fins de recherche strictement prohibée par le droit français ?"

*De la pilule au bébé-éprouvette – Sous la direction d’E. de La Rochebrochard – Les cahiers de l’Ined N°161, 2008, 264 p., 25 €

Liberté politique.com 14/01/09

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