Démographie en Inde : le déséquilibre des sexes inquiète

Publié le 4 Avr, 2011

En Inde, les premiers résultats du dernier recensement montrent que les naissances de garçons sont toujours plus nombreuses que celles des filles.

En 10 ans, l’Inde a connu une hausse démographique de 17,6% qui s’accompagne d’une baisse du taux de fécondité dans toutes les couches sociales. Les familles pauvres préfèrent "avoir moins d’enfants pour pouvoir les éduquer" constate P. M. Kulkarni, démographe de l’université de Jawaharlal-Nehru de New Delhi. Cette baisse de la fécondité va de paire avec une augmentation du nombre des couples choisissant le sexe de leur enfant à naître avec une préférence marquée pour les garçons. Les nouveaux équipements médicaux permettent en effet de détecter le sexe des enfants à naître dès les premiers mois de grossesse malgré la prohibition des échographies depuis 1994. L’accès généralisé à ces technologies s’accompagne d’une augmentation des avortements sélectifs. Les campagnes de sensibilisation n’ont pas produit d’effet. En outre, la hausse du niveau de vie favorise même les pratiques visant à réduire le nombre de filles, fait remarquer Ravinder Kaur, sociologue à l’Institut indien de technologie de New Delhi (Cf. Synthèse de presse du 05/03/10).

On compte aujourd’hui 914 filles pour 1000 garçons âgés de moins de 6 ans : il s’agit du ratio le plus bas depuis l’indépendance du pays. Ce déséquilibre est un "sujet de grande inquiétude" a reconnu C. Chandramouli, commissaire général chargé du recensement. Dans tous les milieux sociaux, la préférence pour les garçons est très ancrée dans les moeurs : le garçon assure les revenus de la famille et son rôle est devenu essentiel dans un pays où les pensions de retraite sont quasi inexistantes. Les filles sont au contraire un poids financier : elles quittent le foyer lorsqu’elles se marient et leurs parents commencent à épargner parfois dès leur naissance pour payer leur dot. Cette situation explique le taux de mortalité infantile plus élevé chez les filles, celles-ci recevant moins de soins et de nourriture lorsque la famille connaît des difficultés de revenus.

G. K. Pillai, secrétaire d’Etat à l’intérieur a affirmé que "les politiques de lutte contre les avortements sélectifs doivent être complètement revus" puisque la discrimination persiste à l’égard des filles bien qu’elles soient de plus en plus nombreuses à accéder à l’éducation et au travail.

Le Monde (Julien Bouissou) 05/04/11

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