Des soins palliatifs en crise, et les belles promesses de l’Exécutif

25 Mar, 2024

Alors que, dans une émission du 24 mars, le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, s’est engagé à ce que « tous les départements s[oient] équipés en soins palliatifs avant la fin du débat sur la fin de vie », le docteur Pascale Seynaeve, responsable de la seule unité de soins palliatifs à Mâcon, tire la sonnette d’alarme (cf. Ne dévoyons pas les soins palliatifs« Une forme de nihilisme désormais présent au sein même de l’Etat » : après l’IVG, Emmanuel Macron reprend le dossier de la fin de vie). Elle déplore l’insuffisance des moyens médicaux et paramédicaux déployés en Saône-et-Loire dans le secteur des soins palliatifs notamment au regard d’une population vieillissante (cf. Soins palliatifs : l’unité de Houdan ferme « temporairement » faute de médecin« On ne peut pas développer tout un discours sur les soins palliatifs et fermer une unité »). Le département compte une seule unité de soins palliatifs à Mâcon avec 10 lits, 3 à 4 lits dans de petits hôpitaux et 4 unités mobiles.

« Toutes les structures sont fragiles »

« A Louhans, le médecin craque. Il est sur le départ. Il doit être remplacé par un nouveau médecin qui ne sera qu’à 60 % » regrette Pascale Seynaeve. « A Bourbon-Lancy, il y a un médecin spécialisé à plein temps uniquement depuis le 1er mars » poursuit-elle décrivant le « manque cruel » de moyens humains, de formation et de recherche dans le secteur des soins palliatifs en Saône-et-Loire. « A Autun, il n’y a plus de médecin formé pour les 3 lits » et « l’hôpital risque de perdre sa reconnaissance et il faudra ensuite refaire un dossier pour récupérer ces trois lits ». « Toutes les structures sont fragiles et demanderaient à se développer » conclut-elle (cf. « L’enjeu n’est même plus de développer les soins palliatifs. Il s’agit d’éviter leur écroulement »).

Alors que « la Cour des comptes préconise 2,5 équivalents temps plein médecin sur une unité de soins palliatifs et 1,5 équivalent temps plein médecin pour une équipe mobile (…). Nous sommes 1 à l’unité et 0,80 à l’équipe mobile à Mâcon (cf. Fin de vie : « Ce n’est pas en baptisant stratégie ce qui était auparavant appelé plan que se fait une politique volontariste »). Nous n’arrivons pas à répondre à la demande » explique le docteur Marion Redon.

« Le vrai progrès (…) ce sont les soins palliatifs »

A l’heure actuelle, une vingtaine de départements français sont dépourvus de soins palliatifs, 150 postes sont vacants dans l’ensemble des services existants et un quart des médecins vont quitter leurs fonctions d’ici 5 ans. Alors que le Gouvernement vient d’annoncer un projet de loi sur l’« aide à mourir », les organisations de soignants déplorent des « annonces dérisoires sur l’accompagnement de la fin de vie ». « Emmanuel Macron annonce une augmentation du budget annuel des soins palliatifs de 6%, alors même que 50% des patients n’ont pas accès à un accompagnement adapté, soit 500 personnes par jour : une personne sur deux » constatent les organisations de soignants (cf. Fin de vie : une « loi de rassemblement » qui suscite la colèreProjet de loi fin de vie : les soignants ont l’impression de se « faire marcher dessus »). « Le vrai progrès, le grand progrès, ce sont les soins palliatifs. C’est de développer les soins palliatifs partout en France » expliquait Ludovine de la Rochère, présidente du Syndicat de la Famille (cf. Fin de vie : Les soins palliatifs, « parent pauvre de la médecine »).

 

Complément du 29/03/2024 : « L’hôpital ne perdra pas son agrément pour les soins palliatifs. Nous avons un partenariat clinique-hôpital pour aller dans ce sens », assure le directeur du centre hospitalier d’Autun, Pascal Mokzan, à l’issue du conseil de surveillance qui s’est tenu mardi, présidé par le maire d’Autun Vincent Chauvet. L’Ordre des médecins et la responsable de l’unité départementale des soins palliatifs craignaient en effet que l’établissement perde son agrément, en l’absence de médecin formé.

« Autun va même passer de deux à trois lits en soins palliatifs pour 2025, indique Philippe Collange-Campagna, directeur du Groupement hospitalier de territoire (GHT) Saône-et-Loire Bresse Morvan. Nous allons monter un partenariat avec un autre hôpital afin qu’un médecin qualifié en soins palliatifs intervienne à Autun, sachant que l’équipe mobile de Montceau-les-Mines intervient aussi en appui dans les Ehpad et hôpitaux. » « Les soins palliatifs sont, avec les urgences, les services les plus indispensables », indique le directeur.

 

Sources : Le Journal de Saône-et-Loire, Catherine Zahra (24/03/2024) ; BFMTV, Hortense de Montalivet (24/03/2024) ; Le Journal de Saône et Loire, Catherine Zahra (29/03/2024) – Photo : iStock

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