Les résultats provisoires d’un essai clinique mené par Viacyte ont été publiés cette semaine [1] : à partir d’une lignée de cellules souches embryonnaires humaines, l’entreprise développe des cellules sécrétrices d’insuline [2] qui sont encapsulées puis implantées sous la peau des patients. Vingt-six personnes ont reçu ce traitement expérimental. Si le principe fonctionne, les effets cliniques restent à démontrer.
En 2006, Viacyte avait lancé ses recherches, et mis au point un protocole de différenciation des cellules souches embryonnaires humaines en cellules endodermiques pancréatiques immatures [3]. Les premiers patients ont été greffés en 2017 (cf. Poursuite d’un essai clinique utilisant des cellules souches embryonnaires pour soigner le diabète). Les résultats publiés cette semaine sont ceux de l’essai de phase 1/2. Chez 17 patients sur 26, la sécrétion d’insuline par les cellules greffées s’est mise en place. Ils ont réduit leurs besoins en insuline de 20% en moyenne. Les cellules greffées ont survécu jusqu’à 59 semaines après l’implantation.
Pour recevoir ces cellules, les patients reçoivent d’abord un traitement immunosuppresseur. Deux patients ont développé des effets indésirables graves à la suite de ce traitement. Or la nécessité de renouveler les implants de cellules impliquerait la prise à vie de ces traitements, « obstacle majeur à une mise en œuvre plus large ».
Par ailleurs, l’essai a été réalisé sans groupe témoin, « et les interventions n’étaient pas réalisées en double aveugle, ce qui limite les conclusions ».
Enfin de nombreux paramètres n’ont pas été déterminés avec cet essai : efficacité et sûreté des implants à long terme, stade de différenciation optimal des cellules pour la greffe, site de transplantation le plus adapté, dose de cellules nécessaire.
Complément du 28/11/2023 : La thérapie développée par la société de biotechnologie américaine ViaCyte (rachetée par Vertex Pharmaceuticals) a fait l’objet de nouveaux essais cliniques. Les résultats ont été publiés le 27 novembre dans Nature Biotechnology [4].
L’essai multicentrique a été mené à l’hôpital général de Vancouver, ainsi que dans d’autres sites en Belgique et aux Etats-Unis. Dix participants, dont la production d’insuline n’était pas détectable au début de l’étude, ont subi une intervention chirurgicale pour recevoir chacun « jusqu’à 10 implants ». Parmi eux, six mois plus tard, trois participants ont montré des « marqueurs significatifs » de production d’insuline. Ils ont maintenu ces niveaux pendant le reste de l’étude qui a duré un an. Leur production d’insuline était « suffisante » pour « atténuer les fluctuations importantes de la glycémie ».
Après avoir montré la faisabilité de l’approche, cet essai visait à « augmenter considérablement la quantité d’insuline produite » en utilisant deux à trois fois plus de dispositifs par participant, ainsi qu’une nouvelle conception du système [5].
Dans un autre essai actuellement en cours, les chercheurs étudient si une version du dispositif contenant des cellules génétiquement modifiées à l’aide de l’outil CRISPR « pour échapper au système immunitaire », pourrait supprimer le besoin de recourir à des immunosuppresseurs en même temps que le traitement.
[1] Cell stem cell https://doi.org/10.1016/j.xcrm.2021.100466
[2] Cellules endodermiques pancréatiques
[3] In vivo, les cellules immatures terminent leur différenciation en 26 semaines.
[4] Bart Keymeulen et al, Encapsulated stem cell–derived β cells exert glucose control in patients with type 1 diabetes, Nature Biotechnology (2023). DOI: 10.1038/s41587-023-02055-5
[5] Incluant de « de petites perforations pour permettre la croissance des vaisseaux sanguins », « une caractéristique visant à améliorer la survie des cellules cultivées en laboratoire »
Sources : Trust my Science, Claire Manière (8/12/2021) ; New Atlas, Rich Haridy (6/12/2021) ; Medical Xpress, Brett Goldhawk, University of British Columbia (27/11/2023) : La Libre, Belga (28/11/2023) – Photo Pixabay DR