« Personne ne découvre que tous les Ehpad ne traitent pas convenablement leurs résidents, que le personnel y est en sous-effectif. Personne n’est réellement surpris que les rationnements virent à la maltraitance », affirme Erwan Le Morhedec, avocat et essayiste. « Seul le fait que ce soit aussi le lot d’Ehpad privés parmi les plus dispendieux pouvait surprendre », estime-t-il (cf. Scandale dans les Ehpad : affaire privée ou affaire d’Etat ?).
« Cette situation est d’autant mieux connue que certains dirigeants du secteur entretiennent des relations de grande proximité avec le monde politique, jusqu’à être membres des instances nationales de partis politiques », assure l’avocat. Dès lors, « le fracas de l’indignation soudaine » a seulement « tenté de couvrir un si long silence coupable », juge-t-il.
« Comment ne pas voir que lorsque l’on est relégué et humilié, l’euthanasie n’est jamais l’ultime liberté ? »
Mais « la mobilisation autour du grand âge durera-t-elle plus longtemps qu’une séquence de campagne ? », interroge Erwan Le Morhedec. « Il est urgent de rompre avec l’âgisme général », insiste l’essayiste, « car il n’en va pas que de la dignité des personnes âgées ».
« La même année, la loi « grand âge et autonomie » a été abandonnée tandis que l’Assemblée nationale entreprenait de légaliser l’euthanasie », rappelle-t-il (cf. La PPL Falorni tombe en désuétude – le spectacle exagéré des promoteurs de l’euthanasie). Alors il appelle à « remettre notre société sur ses pieds, qui ne peut pas se contenter de renvoyer l’âge et la fin de vie à une prétendue liberté ».
« Comment ne pas voir que lorsque l’on est relégué et humilié, l’euthanasie n’est jamais l’ultime liberté que l’on nous vante, mais juste une évasion funèbre ? », interroge Erwan Le Morhedec. « Notre société semble si incapable d’assurer à ses membres les plus âgés un traitement qui fasse droit à leur dignité qu’elle n’envisage plus de la préserver qu’en leur donnant la mort, ce qui n’empêchera jamais de traiter encore les autres de façon indigne », dénonce-t-il. « Notre pays est à l’heure des choix : à lui de voir s’il mérite encore le respect ».
Source : La Vie, Erwan Le Morhedec (01/02/2022)