Don de sperme : oppositions à la levée de l’anonymat

Publié le 13 Oct, 2010

L’hebdomadaire Le Point revient sur la proposition du projet de loi de bioéthique visant à lever l’anonymat pour les dons de gamètes et sur les désaccords qu’elle suscite (Cf. Synthèse de presse du 01/09/10). Cette proposition vise à permettre aux enfants nés par insémination artificielle avec donneur (IAD) d’accéder, à leur majorité, à l’identité du donneur si celui-ci est d’accord, ou à des données non identifiantes le concernant : couleur des yeux, région, profession, etc.

Les anciens donneurs sont nombreux à s’opposer à cette mesure dont ils craignent le possible effet rétroactif, et certains réclament la destruction de leurs dossiers, conservés dans les Cecos (centres d’étude et de conservation des oeufs et du sperme humains). "Si la loi passe, j’exigerai de récupérer mon dossier et je le détruirai […] Si j’avais su… On change les règles du jeu en cours de route, c’est scandaleux et absurde" affirme Marc qui a fait un don de sperme il y a vingt-cinq ans. Jean Léonetti, rapporteur du projet de loi sur la bioéthique, qui s’est prononcé pour le maintien de l’anonymat, dit son désaccord avec le gouvernement : "Je m’en suis expliqué avec la ministre. la pression des associations est grande, je sais qu’il est difficile d’y résister, et puis il est toujours bon d’annoncer du changement. Mais, pour ma part, je ne voterai pas cette loi". 

Les directeurs de Cecos s’inquiètent aussi de cette proposition, prévoyant une chute des dons. La plupart "accusent les médias d’avoir donné depuis quelques années un écho disproportionné au malaise de quelques jeunes nés par IAD […] et reprochent, surtout, à la ministre de céder à cette médiatisation". Louis Bujan, directeur de la Fédération nationale des Cecos, admet que certains enfants issus d’un don "vont mal" et qu’ "il faut les entendre" mais selon lui, "la grande majorité d’entre eux n’ont pas besoin de connaître leur géniteur. Or cette loi va mettre en péril tout le système". Toutefois, comment déclarer que la majorité va bien  "alors qu’aucun suivi de ces familles conçues ‘autrement’ n’a jamais été effectué depuis les débuts du Cecos", et sachant qu’une part importante des 50 000 personnes nées d’un don en France depuis 1975 ignorent la manière dont elles ont été conçues ? En effet, une étude européenne de 2002 montrait que seulement 8,6% des enfants nés par IAD connaissaient les circonstances de leur conception. Ce débat n’est pas seulement français, la levée de l’anonymat étant une "tendance générale dans tous les pays occidentaux".  

Le Point.fr (Violaine de Montclos) 14/10/10

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