La parution du livre « Les Fossoyeurs » en début d’année a mis en lumière les difficultés des Ehpad (cf. Scandale dans les Ehpad : affaire privée ou affaire d’Etat ?). En mars, des mesures ont été annoncées par le Gouvernement pour améliorer la situation. Aujourd’hui, ces engagements sont peu suivis d’effets.
« L’affaire Orpea a fait beaucoup pour la prise de conscience des maltraitances en Ehpad, mais sur le terrain, on ne voit pas de changement radical », constate Bernadette Ojardias, fondatrice du collectif Ehpad familles 42 constitué pour protester contre les restrictions de visites en Ehpad durant la pandémie (cf. Personnes âgées : l’isolement plus mortel que le Covid ?).
Des dysfonctionnements qui perdurent
Alors qu’un contrôle des 7 500 Ehpad de France dans les deux ans avait été annoncé, seuls « 400 contrôles ont été effectués », précise par exemple le ministère des solidarités, soit un peu moins de 6 % des établissements. Il est « trop tôt » pour tout bilan chiffré des mesures mises en place, se défend le ministère.
En attendant, les dysfonctionnements perdurent, et il arrive que la pression se répercute sur le quotidien des résidents. Une directrice admet ainsi que certains établissements sont amenés à jouer « sur les commandes alimentaires ». « Dans l’Ehpad de ma mère, certains résidents sont mis en pyjama à 16 h 30 », ajoute la fille d’une résidente.
De nouvelles promesses
Le secteur se justifie en invoquant une pénurie structurelle de personnel. « Parmi nos 1400 adhérents, 25 % doivent geler des lits ou refuser de nouveaux bénéficiaires à domicile en raison d’un manque de personnel trop important » précise Annabelle Vêques, directrice de la Fnadepa (Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et de services pour personnes âgées).
Face à ce manque de main d’œuvre, le ministère promet que « trois mille aides-soignants et infirmiers supplémentaires seront recrutés en 2023 », alors qu’il en faudrait 20 000 d’urgence. Et depuis quelques mois, le poids de l’inflation vient aggraver la situation.
La fille d’une résidente s’indigne au vu de ces constats : « On leur retire tous les petits plaisirs. Elle perd le goût de vivre». « Il y a des gens, en Ehpad, qui voudraient simplement vieillir dans la dignité », rappelle-t-elle.
Complément du 17/11/2022 : Mardi matin, plusieurs perquisitions ont été lancées dans des établissements du groupe Orpea, dans le cadre d’une « enquête préliminaire pour “maltraitance institutionnelle” », a indiqué le parquet de Nanterre. Le groupe est présent dans 23 pays et gère « plus de 350 établissements » en France.
Sources : la Croix, Alice Le Dréau (10/10/2022) ; Le Figaro avec AFP (15/11/2022) – Photo : iStock