[Enquête] Les loupés du système d’accueil des personnes handicapées

Publié le 30 Sep, 2014
Libération a mené une enquête sur les places ouvertes dans les établissements spécialisés pour personnes handicapées. Le journal révèle les dysfonctionnements d’un système non coordonné et des annonces ministérielles sans effet. Comment expliquer le hiatus entre les fonds alloués à l’accueil des personnes handicapés et les listes d’attentes qui s’allongent ainsi que les personnes « forcées de s’exiler en Belgique » ?

 

Prenant au mot la secrétaire d’Etat Ségolène Neuville, qui « répète en boucle que 4 000 places sortent de terre tous les ans », Libération est allé sur le terrain pour vérifier les chiffres et a pu constater que le compte n’y est pas. Le journal apprend d’abord que personne n’évalue les besoins réels en matière de création de places dans les centres spécialisés. En effet, « les arbitrages se font au niveau des conseils généraux et des agences régionales de santé (ARS) » au moyen d’une formule intégrée dans un tableau Excel, laquelle « croise le nombre d’habitants sur le territoire et le taux d’équipement existant ». Une formule inopérante d’après Lydie Autreux, élue en charge des solidarités au conseil général de Seine-et-Marne, en raison des mobilités. En effet, sur son territoire, 45% des personnes en centres viennent d’ailleurs. Henri Guillet, directeur d’une maison d’accueil confirme que personne ne connait les besoins réels : « on croit qu’il existe quelque part un organisme qui centralise les besoins…mais ça n’existe pas ! »

 

Libération découvre aussi les manœuvres administratives permettant de gonfler les chiffres des places créées, quand elles ne le sont pas. Ainsi, on appelle places supplémentaires les services et accompagnements en milieu ordinaire, de sorte qu’ « un infirmier qui vient faire des soins à domicile est comptabilisé comme une place ».En outre, il existe les places nouvelles créées au moyen d’une transformation, c’est-à-dire que si un établissement pour enfants trisomiques décide finalement d’accueillir des enfants autistes, les nouveaux agréments permettront d’enregistrer la création de nouvelles places.

 

Enfin, quand Libération s’est mis en quête des places effectivement créées, le Ministère n’a pas su fournir de « liste détaillée avec les noms et adresses des établissements » ayant reçu des fonds publics. Renvoyée vers la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) puis vers les établissements eux-mêmes la journaliste constate que les directeurs de centres ne sont pas au courant. Un vrai casse-tête. 

 

Il semble que la politique handicap souffre d’un déficit de coordination et de suivi alors que la France lui attribue 36 milliards chaque année, dont 9 milliards pour les 17 000 établissements existants.

Libération (Marie Piquemal) 29/09/2014

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