Etats-Unis : déclaré en état de mort cérébrale, il se réveille alors qu’on allait prélever ses organes

21 Oct, 2024

Un Américain avait été déclaré en état de mort cérébrale. Mais alors qu’on s’apprêtait à lui prélever ses organes, Anthony Thomas « TJ » Hoover II s’est « réveillé ». Agé de 36 ans, il avait été transporté d’urgence à l’hôpital à la suite d’une overdose.

« Il bougeait dans tous les sens – il se débattait en quelque sorte. Il se déplaçait, se débattait sur le lit », témoigne Natasha Miller qui devait participer à l’intervention. « Il pleurait visiblement. »

L’état du donneur a « alarmé » toutes les personnes présentes dans la salle d’opération de l’hôpital Baptist Health de Richmond, dans le Kentucky, y compris les deux médecins qui ont refusé de participer au prélèvement des organes. La coordinatrice a donc appelé son superviseur au sein du Kentucky Organ Donor Affiliates (KODA). « Il lui a dit qu’elle devait “trouver un autre médecin pour le faire” », raconte Natasha Miller. « Elle pleurait parce qu’on lui criait dessus. »

Le prélèvement d’organes a été annulé. Et certains employés ont démissionné à la suite de cet incident intervenu le 20 octobre 2021.

Des signes de vie plus tôt dans la journée

Nyckoletta Martin, une autre personne chargée de la préservation des organes au KODA n’était pas affectée à ce bloc opératoire. Toutefois, suite à cet incident, elle a commencé à consulter les notes prises plus tôt dans la journée. Elle y a lu que le donneur avait montré des « signes de vie » lorsque les médecins essayaient d’examiner son cœur.

« Le donneur s’était réveillé au cours de la procédure de cathétérisme cardiaque[1] qu’il avait subie ce matin-là. Il se débattait sur la table », explique Nyckoletta Martin. Les médecins l’avaient alors placé sous sédatif. Un incident minimisé par les responsables du KODA, dénonce-t-elle.

Donna Rhorer, la sœur du patient, dit quant à elle avoir commencé à s’inquiéter lorsque TJ a semblé ouvrir les yeux et regarder autour de lui alors qu’il était transporté des soins intensifs vers le bloc opératoire. Mais on lui a dit que ce qu’ils avaient vu n’était qu’un « réflexe banal ». TJ Hoover vit désormais avec sa sœur, qui est sa tutrice légale. Depuis sa sortie de l’hôpital, il a des difficultés à se souvenir, à marcher et à parler.

Des enquêtes en cours

Cet incident a été révélé le mois dernier par une lettre de Nyckoletta Martin adressée à la commission de l’énergie et du commerce de la Chambre des représentants. La commission avait organisé une audition sur les organisations de collecte d’organes.

Le bureau du procureur général de l’Etat du Kentucky indique enquêter sur cette affaire, de même que l’administration fédérale des ressources et services de santé (HRSA[2]).

« Personne au KODA n’a jamais subi de pressions pour prélever des organes sur un patient vivant », tente de rassurer l’organisme. Ce cas ne serait toutefois pas isolé selon Greg Segal, directeur d’Organize, un « groupe de surveillance du système de transplantation d’organes » ou encore Thaddeus Pope, bioéthicien et avocat à la Mitchell Hamline School of Law de Saint Paul, qui étudie le don d’organes.

« J’espère qu’un cas comme celui-ci est vraiment extrême, déclare le Dr Matthew DeCamp, professeur agrégé de médecine et bioéthicien à l’université du Colorado, mais il révèle certaines des questions sous-jacentes qui peuvent se poser lorsqu’il y a des désaccords sur la détermination de la mort » (cf. La « ressuscitation partielle », un nouveau protocole de prélèvement d’organes).

Complément du 22/10/2024 : Selon l’Agence de la biomédecine, la situation de ce patient américain « serait impossible en France ». Elle affirme que les procédures par lesquelles un patient est déclaré mort sont « très strictes ».

De leurs côtés, la Société française de médecine de prélèvements d’organes et de tissus (SFMPOT) et la Société francophone de transplantation ont tenu à rappeler que la situation en France est « totalement différente » de celle aux Etats-Unis. « Le diagnostic de mort encéphalique est beaucoup plus sécurisé en France, où un cas similaire serait donc strictement impossible », assure le Docteur Jean-Christophe Venhard, président de la SFMPOT.

 

[1] « Le cathétérisme cardiaque est pratiqué sur les donneurs potentiels afin d’évaluer si le cœur est suffisamment sain pour être donné à une personne ayant besoin d’un nouveau cœur. »

[2] Health Resources and Services Administration

Sources : NPR, Rob Stein (17/10/2024) ; AFP (22/10/2024)

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