Etude sur des adultes nés par don de sperme

Publié le 31 Mai, 2010

La Commission sur l’avenir de la condition parentale, groupe d’universitaires et d’experts qui réfléchissent à la “situation juridique, éthique, sociale et scientifique des parents dans la société contemporaine” a publié le 3 juin 2010 un rapport intitulé : “Mon père se nomme donneur : une nouvelle étude sur les jeunes adultes conçus par don de sperme“. L’étude de 140 pages, effectuée par le cabinet de recherche Abt SRBI (New York) et menée par Elizabeth Marquardt, Norval D.Glenn et Karen Clarck, comporte 15 conclusions importantes et 19 recommandations à l’adresse des décideurs et praticiens en matière de droit et politiques de la santé. Elle a porté sur 1680 personnes de 18 à 45 ans, réparties en trois groupes égaux : celui des personnes nées après insémination avec donneur (IAD), celui des adultes adoptés et celui des adultes élevés par leurs parents biologiques.  

 

Des adultes blessés

Elle révèle que “par rapport à la moyenne des gens, les jeunes adultes conçus par suite d’un don de sperme ressentent davantage une blessure, sont plus confus et se sentent plus isolés de leur famille.” La moitié d’entre eux admettent se sentir “mal dans leur peau” et avoir le sentiment d’avoir subi un préjudice. 25% pensent que “personne ne les comprend vraiment” ce qui n’est le cas que pour 13% des enfants adoptés et 9% des enfants nés de l’union de leurs parents.

 

En outre, deux tiers des adultes nés par IAD sont d’accord avec l’énoncé suivant : “Mon donneur de sperme est la moitié de qui je suis” et affirment que les personnes issues d’un don de sperme ont le droit de savoir la vérité au sujet de leur origine. 46% d’entre eux craignent “d’être attirés par, ou d’avoir des rapports sexuels avec, quelqu’un avec qui ils ont un lien de parenté” contre 16% pour les personnes adoptées. La crainte que “l’argent ait été un facteur intervenant dans leur conception” aggrave dans 42% des cas le malaise de ne pas connaître ses origines. Le rapport note également qu’ “environ la moitié d’entre eux sont préoccupés par, ou ont de graves objections à, la conception reposant sur le don de sperme, et ce même lorsque les parents disent la vérité à leurs enfants“.

Les personnes nées d’une IAD sont proportionnellement deux fois plus nombreuses que les enfants élevés par leurs parents biologiques à avoir des problèmes avec la loi et à consommer des stupéfiants de manière abusive.

 

Cette “première étude comparative et représentative jamais effectuée sur les adultes conçus au moyen d’un don de sperme” vise à “provoquer un  débat international sur l’éthique, la signification et la pratique de la conception fondée sur un don de sperme“. Au nombre des recommandations édictées pour guider la réflexion, on trouve : la levée de l’anonymat du don de sperme, la limitation du nombre de dons par donneur, la favorisation des alternatives à l’IAD (adoption, …), etc.

 

France : levée de l’anonymat ?

En France, à l’approche de la révision de la loi de bioéthique, le débat est posé.  L’Académie de médecine, notamment, a mis la question à l’ordre du jour le  2 juin 2010, en discutant l’ouvrage de Pierre Jouannet et Roger Mieusset : Donner et après. La procréation par don de spermatozoïdes avec ou sans anonymat. Pour Pierre Jouannet, ancien responsable du Centre d’étude de conservation des œufs et du sperme humains (CECOS) de l’hôpital Cochin, la levée de l’anonymat ne serait pas sans conséquences. Les enquêtes révèlent en effet qu’un quart des couples renoncerait à un projet d’IAD si la loi devait changer et que 60% des donneurs renonceraient à leur don

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