Euthanasie et dons d’organes : les “résultats” de l’Espagne

5 Déc, 2022

Au cours de sa première année de dépénalisation, 180 euthanasies ont été pratiquées en Espagne (cf. Euthanasie : L’Espagne dresse un premier bilan). Parmi les personnes y ayant eu recours, 44 ont fait don de leurs organes. Une proportion qui a surpris jusqu’à l’Organisation nationale des transplantations (ONT) [1].

L’organisme avait pourtant pris les devants. Ainsi, avant même la publication d’un protocole officiel, les prélèvements d’organes sur des personnes euthanasiées avaient commencé (cf. Espagne : 7 euthanasies, 23 transplantations).

Désormais ce sont 120 patients qui ont été greffés avec des organes de personnes euthanasiées. « Grâce aux techniques de conservation sophistiquées que nous avons mises en place, nous avons pu réaliser toutes sortes de greffes, y compris des greffes de cœur », précise la directrice de l’ONT, Beatriz Domínguez-Gil. Des cœurs qui continuent de battre, mais dans d’autres corps (cf. « Ton corps aussi est recyclable ! »).

Les ambitions espagnoles

L’année dernière l’Espagne s’affichait comme « le pays du monde ayant le plus haut pourcentage de donneurs d’organes ».

L’ONT espère atteindre un taux de donneurs par million d’habitants compris entre 44 et 45, soit le double de la moyenne européenne. L’Espagne représente 5% de l’ensemble des dons dans le monde, et 22% des dons européens, alors qu’elle ne représente que 0,6% de la population mondiale et 10% de la population européenne. Au cours des dix premiers mois de l’année, l’Espagne a augmenté son activité de transplantation de 8%.

Et en France ?

En France, le taux de refus est bien plus élevé, et il augmente (cf. Dons d’organes en France : l’opposition augmente, les prélèvements Maastricht III aussi). La filière s’est dès lors tournée vers le protocole Maastricht III. Il consiste à prélever des organes sur une personne décédée après un arrêt circulatoire, suite à un arrêt ou à une limitation des traitements (cf. L’ABM autorise le prélèvement d’organes « à cœur arrêté »).

Selon une étude réalisée au CHU de Lille[2], « l’activité de transplantation à partir de donneurs après arrêt cardiaque contrôlé, dite Maastricht III, a permis d’accélérer l’accès à la greffe rénale des patients pris en charge ». La procédure est “rentable” et fait l’objet d’objectifs toujours plus ambitieux de la part de l’Agence de la biomédecine. Avec, un jour peut-être, des objectifs en matière de prélèvement après euthanasie ?

 

[1] Cadenaser, Eutanasia que salva vidas: 44 ciudadanos donan sus órganos después de acogerse a su derecho a morir (24/11/2022)

[2] APM news, Accès à la greffe rénale plus rapide avec le protocole Maastricht III (étude lilloise) (24/11/2022)

Cet article de la rédaction Gènéthique a été initialement publié sur Aleteia sous le titre : Euthanasie et dons d’organes : que retenir des résultats espagnols ? 

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