Dans une tribune pour le journal Le Figaro, un collectif de médecins en soins palliatifs et gériatres[1] dénonce les « inexactitudes et contre-vérités » présentes dans une « communication publique » de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), adressée au président de la République au sujet de l’« aide active à mourir ».
L’ADMD affirme qu’« un droit nouveau donne une nouvelle liberté sans créer d’obligation ». Au contraire, estiment les médecins, créer un « droit à l’euthanasie » créera de fait, « au risque de ne pas être effectif, de nouvelles obligations pour l’État ou les sociétés privées chargées de l’organiser : formation de professionnels dédiés, administration de contrôle et de contentieux, etc. ».
Autre point contesté par les médecins, l’affirmation par l’association que « chez nos voisins européens qui ont légalisé l’aide active à mourir (…), le recul est largement suffisant pour affirmer qu’il n’y a pas de dérive ». Les signataires rappellent en effet qu’en Belgique comme en Hollande, « les critères sont constamment élargis avec des euthanasies chez des personnes atteintes de maladie psychiatriques ou simplement “fatiguées de la vie“ ». En Belgique, l’euthanasie est à présent « autorisée aux mineurs sans limite d’âge » et « le nombre d’euthanasies ne cesse d’y augmenter » (cf. Belgique : la Commission santé adopte de nouvelles mesures pro-euthanasie).
Une critique qui devient impossible
« Dans les pays où l’“aide active à mourir” est autorisée, la critique de l’acte devient difficile voire impossible », regrettent les auteurs de la tribune. « Les patients peuvent ressentir une pression sociale – et parfois même au sein de leur propre famille – les poussant à demander une mort anticipée. Ne souhaitant pas être considérés comme une charge inutile, ils ne voient comme seule solution que de disparaître. » « Sommes-nous dès lors toujours dans la thématique du choix ? » interrogent-ils.
« Un médecin s’est vu refuser un poste en soins palliatifs car il refusait de pratiquer des euthanasies et un centre de soins palliatifs ne pratiquant pas d’“aide médicale à mourir” a vu ses subventions publiques disparaître », rappellent-ils (cf. Euthanasie : l’objection de conscience du médecin pas toujours comprise). Autant de faits qui doivent « conduire à la plus grande prudence ».
« Discuter des conditions de la fin de vie et de la mort est nécessaire », déclarent les médecins. « Mais il convient de le faire sans posture ni idéologie et de proposer une argumentation basée sur des faits et tenant compte de la complexité humaine. »
Source : Le Figaro, Tribune collective (25/02/2021)
[1] Catherine d’Aranda, Benjamin Autric, Alix de Bonnières, Esther Decazes, Élisabeth Dell’Accio, Étienne Jarrossay, Clémence Joly, Kirsten Keesmann, Myriam Legenne, Christine Lévêque, Colette Peyrard, Julie Pouget, Élisabeth Quignard, Bruno Rochas, Michel Sans Jofre, Sylvie Schoonberg, Francis Vanhille.