Euthanasie : l’Espagne dresse le bilan des six premiers mois

Publié le 4 Jan, 2022

Six mois après l’entrée en vigueur de la loi réglementant l’euthanasie (cf. Espagne : « le droit à l’euthanasie » entre en vigueur), « au moins 50 » euthanasies ont été recensées, mais les données sont incomplètes [1]. Álvaro Gándara, chef de l’unité de soins palliatifs de l’hôpital de la Fondation Jiménez Díaz et membre du Comité espagnol de bioéthique, réclame plus de transparence afin que les associations médicales aient accès à ces données. Des « chiffres provisoires [qui] ne sont pas à la hauteur des messages politiques qui ont accompagné la gestation et l’approbation de la loi sur l’euthanasie ».

Au sein des dix régions qui ont communiqué des données, 130 demandes ont été présentées, dont plus de la moitié au Pays basque et en Catalogne. 74% des euthanasies ont été pratiquées dans ces deux régions. Ces demandes ont émané essentiellement de personnes souffrant de maladies neurodégénératives ou de cancers.

En Catalogne, six patients sont décédés avant la fin de la procédure dont la durée est inférieure à 41 jours. Et trois demandes ont été rejetées pour non-conformité à la loi. Au Pays basque, c’est plus de la moitié des personnes qui ont demandé l’euthanasie, soit 21 patients, qui sont décédées avant la fin du processus.

Les registres d’objecteurs de conscience ont également été mis en place (cf. Espagne : le Conseil Général des Médecins s’oppose à la création d’un registre des médecins objecteurs). Au Pays basque, 1,9% du personnel médical s’est inscrit comme objecteur, ce qui représente 188 professionnels de santé. A Madrid, le registre d’objecteurs recense désormais 2 614 professionnels.

Avec 0,6 unité pour 100 000 habitants, l’Espagne présente une des plus faibles couvertures de soins palliatifs en Europe. Six patients sur dix y meurent chaque année sans avoir reçu ce type de soins. Pour l’éditorialiste d’ABC, Álvaro Delgado Gal, « la politique du gouvernement en matière d’euthanasie, comme pour l’avortement, se caractérise par un refus conscient d’offrir des alternatives aux malades incurables ».

 

[1] Les directions régionales de la santé qui ont choisi de communiquer ces données sont celles de la Catalogne, du Pays basque, de Valence, de Madrid, de la Galice, de Murcie, de Castille et Léon, de Castille-La Manche, d’Estrémadure et de Navarre. L’Andalousie, les Baléares, la Rioja, Aragon, les Canaries, la Cantabrie et les Asturies n’ont pas communiqué d’informations.

Sources : ABC, Álvaro Delgado Gal (03/01/2022) ; ABC, Laura Daniele (03/01/2022)

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