Tel un « coup de bélier pour faire céder les dernières résistances », cinq textes visant à légaliser l’euthanasie ont été déposés par des parlementaires. La discussion des sénateurs sur le premier, déposé par Marie-Pierre de la Gontrie, n’a pas abouti la semaine dernière. Deux autres « n’iront sans doute pas loin » : la proposition de loi de Caroline Fiat (LFI), et celle de Marine Brenier (LR). Mais un texte déposé par Jean-Louis Touraine (LREM) a été co-signé par 164 députés de la majorité présidentielle. Et La proposition d’Olivier Falorni (libertés et territoires), sera discutée le 8 avril à l’Assemblée nationale, après avoir reçu « des soutiens de poids ».
Dimanche, la présidente de la commission des lois, Yaël Braun-Pivet a fait savoir qu’elle voterait pour le texte d’Olivier Falorni, une position qui « risque donc d’être prise comme un permis de participer à l’offensive ». Car le gouvernement « freine des quatre fers ». Toutefois même s’il a indiqué être défavorable à l’euthanasie, il « semble plus embarrassé sur le moment choisi que sur le fond ». Le délégué général LREM, Stanislas Guerini, a pour sa part proposé la mise en place d’une « convention citoyenne pour créer des conditions de consensus et que chacun puisse prendre ses responsabilités ». Une proposition qui est mal passée.
Pour le docteur Claire Fourcade, présidente de la société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), « il y a quelque chose de schizophrène dans cette démarche alors que l’on vient de passer toute une année à sauver des gens, même très âgés ou très fragiles. Nous avons sacrifié beaucoup pour ces patients et c’est à l’honneur de notre société. Il me semble donc particulier de venir questionner la valeur de ces vies et leur utilité aujourd’hui », déclare-t-elle. Autoriser l’euthanasie provoquerait un « bouleversement majeur dans la relation de soin » rappelle-t-elle. « Mourir de manière acceptable, c’est un souhait partagé par tous, poursuit-elle. On peut y répondre de deux manières : en améliorant l’accompagnement et le soulagement de la douleur ou en répondant que vous avez raison de vouloir mourir. Ce ne serait pas un pas de plus dans la loi mais un tout autre chemin ».
Source : Le Figaro, Agnès Leclair, Guillaume Tabard, Mathilde Siraud (14/03/2021)