Claire Fourcade, présidente de la société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), réagit face à l’offensive « pro-euthanasie » au Parlement. « On meurt mal en France » déclarent les dépositaires de texte en faveur de l’euthanasie. « On ne peut pas dire cela de façon aussi générale et massive » répond Claire Fourcade. Si certaines situations de fin de vie ont pu blesser des proches, il faut l’entendre. Toutefois « la solution à un éventuel « mal mourir » n’est pas de faire mourir, mais d’améliorer l’accompagnement » rappelle-t-elle.
La peur de la dégradation et de la perte d’autonomie sont souvent avancés, y compris en dehors d’un contexte de fin de vie, pour pousser à la légalisation de l’euthanasie. Mais la loi « envoie un message » souligne Claire Fourcade : « Elle peut dire, comme aujourd’hui, ‘nous sommes avec vous, jusqu’au bout, et tout sera fait pour que vous ne souffriez pas’, ou alors dire : ‘effectivement votre vie n’a pas de sens’». En outre, ce choix « individuel » de l’euthanasie a une dimension collective : « ouvrir l’option de l’euthanasie, [c’est] obliger chaque patient, non pas sans doute à la choisir, mais du moins à l’envisager. A se dire qu’il devrait y penser, que peut-être ce serait mieux pour lui ou pour ses proches ». Enfin, « comment la transgression, même exceptionnelle, de l’interdit de tuer, pourrait-elle être sans effet sur ceux dont la mort approche et sur ceux qui les accompagnent ? »
Médecin, elle se défend d’énoncer « une position théorique ou idéologique ». Chaque jour au cœur de situations de fin de vie, elle « vit quotidiennement l’ambivalence [des demandes d’euthanasie] ».
Elle se réjouit de l’annonce d’un cinquième plan de soins palliatifs par le ministre de la santé. Même si les moyens octroyés à ce plan ne sont pas encore connus, « un budget pour les soins palliatifs sera présent dans le prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale ». « Un vrai signal de soutien durable et constant aux soins palliatifs, dont le budget était jusqu’ici fixé par à-coups, sans visibilité ».
Sources : La Vie, Félicité de Maupéou (16/03/2021) ; Le Monde, Claire Fourcade (17/03/2021) – Photo: Pixabay DR