Extension de l’euthanasie aux mineurs en Belgique, la France suivra-t-elle?

Publié le 27 Nov, 2013

 Après l’autorisation de l’euthanasie pour les adultes en 2002, c’est au tour des mineurs. Les commissions des affaires sociales et de la justice du Sénat en Belgique, ont adopté, ce mercredi 27 octobre, par 13 voix contre 4, la proposition de loi visant à légaliser l’euthanasie des mineurs. Les conditions sont les suivantes: la reconnaissance par un psychologue de la capacité de discernement du mineur, l’existence de souffrances physiques insupportables et inapaisables, le fait que le mineur soit en phase terminale. Ainsi, les mineurs pourront, “encadrés par une équipe médicale, et moyennant l’accord parental, bénéficier de l’euthanasie qu’ils auront sollicitée“. 

 

Francis Delpérée, sénateur centre démocrate humaniste (cdH), qui est en accord avec la légalisation de l’euthanasie pour les adultes, a déclaré au site d’information lalibre.be, qu’il était totalement opposé à toute extension de l’euthanasie aux mineurs: “Peut-on raisonnablement demander à un enfant en fin de vie de demander à son père ou à sa mère, qui lui ont donné la vie de la lui retirer? On va faire porter aux enfants un poids psychologique considérable“, dénonce-t-il. 

 

Qu’en est-il en France? Pierre-olivier Arduin, directeur de la commission bioéthique du diocèse de Fréjus-Toulon souligne que “sur l’échiquier de la fin de vie, la majorité [est] bien décidée à renverser le dernier pilier moral encore en vigueur dans notre société“, à savoir, “l’interdit fondateur de donner intentionnellement la mort à un malade“. Il perçoit trois options législatives possibles pour le futur projet de loi français : la première consisterait à “copier le dispositif en vigueur depuis 2002 aux Pays-Bas et en Belgique“, modèle “sévèrement critiqué par de nombreuses études scientifiques” et source de nombreuses dérives incontrôlables. La deuxième, serait celle du suicide assisté, qui “fait son chemin dans les esprits depuis que le rapport de la commission Sicard [de décembre 2012] a semblé lui entrouvrir la porte” et qui permettrait au malade d’obtenir de son médecin “l’ordonnance d’un ‘kit d’euthanasie’ à s’autoadministrer à son domicile“. La troisième serait celle qui, selon P-O Arduin, “pourrait rallier de nombreux élus peu au fait des question de fin de vie et embrouiller un peu plus les Français“: celle de “l’euthanasie palliative(*), “une aide médicalisée provoquant la mort en ‘douceur’ et ‘s’inspir[ant] du savoir-faire des soins palliatifs’ “.  
Pour P-O Arduin, si le “principe qui commanderait aux médecins d’assumer l’intention de tuer ” était reconnu, il “blesserait mortellement une déontologie médicale inchangée depuis Hippocrate“. 

* Véronique Fournier, directrice du centre d’éthique clinique à l’hôpital Cochin (Libération – 9 septembre 2013)

 Valeurs actuelles (Pierre-Olivier Arduin) 28/11/2013 – Lalibre.be 27/11/2013 – La Croix (Raphaëlle d’Yvoire) 28/11/2013

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