Fin de vie : débats

Publié le 3 Oct, 2003

Ce jeudi, L’Express consacre une partie de sa “une” à la question de l’euthanasie “Faut-il une loi ?”.

Revenant sur la mort très médiatisée de Vincent Humbert, l’article fait un rapide zoom sur l’émergence de cette notion depuis son apparition au IVème siècle av. JC à nos jours. Il montre les différents glissements sémantiques qui se sont opérés en particulier au XXème siècle. Ainsi la signification moderne de l’euthanasie n’émerge en Europe qu’à la fin du XIXème siècle sous l’influence des thèses eugénistes reprises plus tard par le nazisme.

Si le sens moderne de l’euthanasie, à savoir abréger la vie d’un malade incurable, s’impose dans les années 60, il ne recouvre pas encore la même réalité pour tout le monde. Il y a souvent confusion entre euthanasie et fin d’acharnement thérapeutique. Le Conseil Consultatif National d’Ethique dans son avis sur la fin de vie avait précisé que l’abstention thérapeutique ne peut être qualifiée d’euthanasie. “L’euthanasie proprement dite consiste en l’acte d’un tiers qui met délibérément fin à la vie d’une personne dans l’intention de mettre un terme à une situation jugée insupportable“. Le code de déontologie du médecin commande “qu’en toutes circonstances le médecin doit […] éviter toute obstination déraisonnable dans les investigations ou la thérapeutique“.

Aujourd’hui les réanimateurs, dont la plupart ne sont pas favorables à une loi sur l’euthanasie, travaillent à l’élaboration de recommandations communes précisant les conditions dans lesquelles les décisions d’arrêt de traitement en fin de vie doivent être prises.

Le philosophe Jacques Ricot conclut l’article : “Prévoir une exception [d’euthanasie] signifie que la loi elle même n’est plus valable, donc que le meurtre n’est plus interdit“. “Ce n’est pas une question de liberté individuelle, mais un choix qui engage toute l’humanité“.

 

Dans la rubrique Rebonds de Libération, Serge Hefez, psychiatre, responsable du département de psychothérapie familiale à l’hôpital de la Pitié-Salpetrière (Paris), analyse “le drame des Humbert” et d’autres histoires tragiques où la mère a tué son enfant ne supportant plus ses douleurs à travers la personne de la Mère. L’enfant malade “n’est-il pas la chair de sa chair ? Sa souffrance ne la déchire-t-elle pas au plus profond de ses entrailles ? Tout semble orchestré autour de cette évidence : la douleur d’un enfant, c’est avant tout la douleur d’une mère qui l’a mis au monde ; c’est donc à elle de la soulager“.

L’Express (Claire Chartier, Matie Cousin, Natacha Czerwinski, Jean-Sébastien Stehli) 02/10/03 – Libération (Serge Hefez) 03/10/03

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