Fin de vie des nouveau-nés: un cadre juridique insuffisant?

Publié le 17 Déc, 2013

 Si la question de la fin de vie est souvent associée aux personnes âgées, il importe de souligner qu’ elle concerne également les nouveau-nés. Plus précisément, c’est la question très “sensible” de l’arrêt de l’hydratation et de l’alimentation artificielle (AHA) qui se pose “quand tout a déjà été tenté en réanimation“. D’un point de vue législatif, la loi Leonetti de 2005 a posé un cadre dans l’accompagnement de la fin de vie des nouveau-nés, par l’AHA. Antérieurement “les chefs de service prenaient eux-mêmes la décision d’une euthanasie. Une pratique illégale mais tolérée“. 

 

Mais la législation de 2005 a des limites qui ont été soulevées dans divers rapports, et médecins et familles s’interrogent sur plusieurs points. Ainsi le centre éthique clinique (CEC) de l’hôpital Cochin (Paris) a publié, ce 17 décembre, une étude sur l’AHA, dont le quotidien Le Monde se fait l’écho. 

 

Première constatation: “60% des soignants ont un ‘bon ressenti’ ” des pratiques médicales “contre 40% du côté des parents“. Mais le CEC attire l’attention sur le risque de “symbole d’abandon parental – lié à l’idée de laisser l’enfant mourir de faim – que peut réprésenter la mesure pour les parents“.
Deuxième constatation: l’hôpital Cochin a distingué trois pratiques de mise en oeuvre de l’AHA après avoir consulté médecins, soignants et parents. 
– modèle n°1: “le corps médical laisse la nature décider“. Selon la juriste Laurence Brunet, cela consiste à tout enlever “mais on propose un biberon à l’enfant avec insistance. S’il arrive à s’en saisir, il sera nourri et survivra“. Un modèle que les médecins nomment “projet de vie“. 
– modèle n°3, à l’opposé du modèle n°1: “l’idée est daccompagner l’enfant vers la mort“. Comment? “L’AHA est associé à une sédation, pour que l’enfant ne soufffre pas. Il n’est plus vraiment conscient“. Pour L. Brunet “on n’est pas dans l’injection létale mais l’intention est assumée“. 
– modèle n°2: un modèle situé entre les modèle 1 et 3, le plus répandu et à la suite duquel le nouveau-né vivrait en moyenne une semaine: “il n’y a pas d’aide active à la mort en plus de l’AHA, on va juste soulager la douleur de l’enfant“.
 

 Le Monde (Paul Giudici) 18/12/2013

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