GPA : avancée ou régression démocratique ?

Publié le 8 Oct, 2014
Le Monde propose aujourd’hui dans ses pages débats une confrontation entre Bertrand Guillarme (philosophe) et Marie-Josèphe Bonnet (historienne, écrivain et militante féministe) qui répondent dans leur tribune respective à la question de savoir si la GPA est une avancée ou une régression démocratique ?

 

Bertrand Guillarme réagit aux déclarations récentes de Manuels Valls sur le sujet, dans lesquelles il s’était prononcé contre la « commercialisation des êtres humains et la marchandisation du corps des femmes ». Les justifications éthiques ne semblent pas recevables aux yeux du philosophe, qui prend en exemple les Etats-Unis, pays également doué de principes moraux, et qui a reconnu en 1942 la liberté de procréer. Israël, autre pays pris en modèle, va jusqu’à organiser lui-même « la mise à disposition de ressources et de prestations en matière de gestation ». M. Guillarme lève aussi l’objection courante selon laquelle la GPA causerait du tort à l’enfant puisqu’il est acheté, en précisant que ce sont les droit parentaux et la responsabilité sur l’enfant qui sont en réalité acquis, et que la transaction n’est pas de nature à garantir un « droit de propriété sur [l’enfant]». Il balaye également l’objection de la marchandisation du corps de la femme. Et le philosophe de conclure : « la question des mères porteuses mérite mieux que la rhétorique de la marchandisation des corps et de la protection des enfants. Elle doit faire l’objet d’une véritable délibération politique ».

 

Marie-Josèphe Bonnet affirme à l’inverse que la GPA est une « dramatique régression du statut des femmes, et précisément des femmes pauvres qui sont instrumentalisées par les ‘progrès’ des biotechnologies néolibérales au profit des couples riches ». Elle voit dans le phénomène des mères porteuses l’émergence d’un « nouveau prolétariat féminin mondialisé ». Marie-Josèphe Bonnet ne croit pas aux GPA dites éthiques car les cadres légaux nationaux pourront toujours être contournés en se rendant à l’étranger. Elle qualifie d’étrange cet « acharnement procréatif » et jugerait plus sage que la société, plutôt que de faire le jeu des entreprises de biotechnologies qui gagnent de l’argent sur le dos de la stérilité et qui font courir des risques à l’humanité, aide les femmes et les hommes souffrant de leur stérilité à accepter leur limite. La GPA serait également un traumatisme pour l’enfant et « la souffrance du nourrisson qui est arraché à sa mère et vendu à un couple commanditaire est impossible à mesurer et à anticiper ».  Elle rappelle à quel point les neuf mois dans le ventre de la mère seraient importants et s’interroge sur la construction des enfants nés dans les conditions de l’abandon et de la marchandisation.

Le Monde (Bertrand Guillarme, Marie-Josèphe Bonnet) 08/10/2014

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