GPA : des femmes pauvres exploitées en Argentine

Publié le 27 Oct, 2024

Une équipe de procureurs a déclaré avoir découvert une « entreprise criminelle » qui faisait payer environ 50 000 dollars à des couples étrangers pour un bébé né par mère porteuse en Argentine.

Des « femmes vulnérables en situation de précarité économique » ont été « ciblées et recrutées sur les réseaux sociaux », expliquent-ils. Elles se voyaient offrir 10 000 dollars, avec une « prime » allant de de 1 à 2 000 dollars si elles accouchaient par césarienne. Toutefois, si la grossesse était interrompue « pour quelque raison que ce soit », par exemple en cas de fausse couche, les entreprises refusaient de payer les mères porteuses, « à l’exception des dépenses mensuelles minimales ».

L’Argentine souffre d’une crise économique depuis des décennies. Plus de 50 % de la population y vit dans la pauvreté.

Une enquête du bureau de lutte contre la traite et l’exploitation des êtres humains

Au début du mois d’octobre, la police a perquisitionné quatre centres de fertilité à Buenos Aires et deux à Rosario, sept offices de notaires et trois cabinets d’avocats. Elle y a saisi des dossiers médicaux et financiers. Le ministère public, ainsi que le bureau de lutte contre la traite et l’exploitation des êtres humains, enquêtent sur les personnes impliquées pour des « délits de traite » et de « commercialisation » d’enfants.

L’enquête avait débuté en janvier, lorsqu’une Allemande de 58 ans a emmené un bébé de trois mois en « très mauvaise santé » aux urgences d’un hôpital de Bonn. Il s’est avéré que l’enfant était né en Argentine par le biais d’une mère porteuse. La police allemande a estimé que la femme n’était pas en mesure de s’occuper du bébé et l’a placé dans une famille d’accueil temporaire.

Un « schéma commercial élaboré à l’échelle nationale et internationale »

Les procureurs enquêtent actuellement sur des cas similaires remontant à 2018. Ils en ont jusqu’à présent identifié « au moins 49 autres » qui, selon eux, présentent des caractéristiques similaires au « cas allemand » initial. Aucune des organisations ou des personnes faisant l’objet d’une enquête n’a encore été nommée publiquement.

« L’incident qui a conduit à l’ouverture de cette affaire n’est pas isolé », a déclaré la procureure fédérale María Alejandra Mángano dans un communiqué. « Au contraire, on a pu révéler qu’il s’agissait d’un schéma commercial élaboré à l’échelle nationale et internationale. »

Des femmes exploitées aussi aux Philippines

Aux Philippines, le Bureau de l’immigration a déjoué la tentative d’une organisation de faire travailler une Philippine comme mère porteuse pour une somme de plus de 500 000 pesos[1].

Le commissaire à l’immigration, Joel Anthony Viado, a révélé que la victime, âgée de 37 ans, avait été interceptée le 15 octobre dernier au terminal 3 de l’aéroport international Ninoy Aquino, alors qu’elle tentait d’embarquer sur un vol à destination de Batumi, en Géorgie. Il s’agit du septième cas enregistré dans les aéroports du pays, s’est alarmé le commissaire. Au début du mois d’octobre, 20 femmes philippines ont été secourues par les autorités après avoir été recrutées comme mères porteuses au Cambodge.

Plusieurs pays en développement ont tenté de mettre fin à la GPA internationale ces dernières années. Ainsi, en 2015, la Thaïlande et l’Inde ont interdit aux étrangers de payer pour une maternité de substitution mais « la pratique a continué à se développer » (cf. Iran, Inde : la GPA pour payer ses factures).

On estime que le marché mondial de la maternité de substitution représentait 14 milliards de dollars en 2022, 17,9 milliards de dollars en 2023 et qu’il pourrait atteindre 139 milliards de dollars en 2032.

 

[1] Près de 8000 euros

Sources : The Guardian, Harriet Barber (22/10/2024) ; The Manila Times, William B. Depasupil (24/10/2024) – Photo : iStock

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