GPA : un risque élevé de morbidité maternelle sévère pour les mères porteuses

Publié le 8 Juil, 2024

Selon une étude présentée lors de la 40e réunion annuelle de l’ESHRE [1] à Amsterdam, et dont le résumé a été publié dans la revue Human Reproduction [2], les mères porteuses présentent un « risque élevé » de morbidité maternelle sévère[3] et d’« issue défavorable » de la grossesse, par rapport aux femmes qui conçoivent naturellement ou même par fécondation in vitro (FIV) (cf. FIV : un risque accru de morbidité maternelle sévère).

Un risque trois fois supérieur pour une GPA par rapport à une conception naturelle

L’étude a analysé 937 938 naissances uniques dans l’Ontario ainsi qu’au Canada, entre 2012 et 2021, en comparant les résultats des différents modes de conception : non assistée, par FIV, ou gestation par autrui (GPA).

Les résultats ont mis en évidence des différences « marquées » entre les différentes méthodes de conception. Un taux de morbidité maternelle sévère de 7,1 % a été observé chez les mères porteuses, nettement supérieur aux taux observés dans les « conceptions non assistées » (2,4 %) et les conceptions par FIV (4,6 %).

Plus précisément, des taux élevés d’hémorragies post-partum et de troubles hypertensifs ont été observés chez les mères porteuses. Ils sont de 13,9 % dans les deux cas, contre 5,7 % et 6,6 % respectivement pour les conceptions naturelles [4].

De multiples facteurs potentiellement en cause

Pour Marina Ivanova de la Queen’s University au Canada et auteur de l’étude, plusieurs mécanismes peuvent expliquer le risque accru de morbidité maternelle sévère chez les mères porteuses. Elle évoque aussi la santé de la femme au départ ou les « caractéristiques sociodémographiques » de celles qui choisissent de devenir mère porteuse (cf. Iran, Inde : la GPA pour payer ses factures). De potentielles différences dans les soins et le suivi prénatals, ou l’impact physiologique et psychologique associé au fait de « porter une grossesse pour une autre personne » pourraient également intervenir. Enfin, les traitements utilisés au cours du processus de FIV sont également susceptibles d’avoir un effet.

L’étude n’a en revanche pas mis en évidence de problèmes de santé supplémentaires chez les enfants nés après une GPA, jusqu’à l’âge de 28 jours. Des « problèmes graves » ont été observés chez 6,5 % des nouveau-nés issus d’une GPA, et 6 % de ceux conçus naturellement. Pour les nourrissons issus de FIV, un taux de 9,1 % a été constaté.

Dans la population générale, « une morbidité maternelle sévère est associée à un risque plus élevé de morbidité néonatale sévère ». « Cette différence justifie un examen plus approfondi », considère la scientifique.

 

[1] European Society of Human Reproduction and Embryology

[2] Ivanova, M., et al. Severe maternal and neonatal morbidity among gestational carriers: A population-based cohort study, Human Reproduction (2024). academic.oup.com/humrep/issue/39/Supplement_1

[3] Une définition a été proposée par l’Organisation Mondiale de la Santé. La morbidité maternelle sévère est définie comme la survenue, pendant la grossesse, l’accouchement ou dans les 42 jours suivant la délivrance, d’un état pathologique mettant en jeu le pronostic vital maternel, mais avec survie de la patiente (Source : mapar.org).

[4] Ces taux sont de 10,5 % et 11,6 % en cas de fécondations in vitro

Source : Medical Xpress, European Society of Human Reproduction and Embryology (07/07/2024)

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