En juillet 2018, Emmanuel Macron pointait un « nouveau risque social » lié au grand âge et consacrait l’année 2019 « à ce travail ». Un défi majeur puisque d’ici 2050, la France comptera 4,8 millions de personnes âgées de 85 ans et plus soit 3,2 fois plus qu’en 2017. Si on estime à 1,6 million le nombre d’aînés en perte d’autonomie en 2030, ils devraient être 2,45 millions en 2060. D’un point de vue budgétaire, 1,2 million personnes sont bénéficiaires de l’allocation personnalisée d’autonomie et 30 milliards d’euros, dont 79% de dépenses publiques, sont consacrés à la prise en charge des personnes en pertes d’autonomie.
Face à cette situation, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a lancé le 1er octobre une concertation nationale « grand âge et autonomie ». Elle considère que « nous devons faire en sorte qu’elles vivent plus longtemps en bonne santé et qu’elles soient prises en charge de manière adéquate lorsque vient le temps du grand âge et de la perte d’autonomie », jugeant que « c’est la marque d’une société qui reconnaît ce qu’elle doit aux plus anciens. (…) C’est la marque d’une société qui reconnaît ce qu’elle doit aux plus anciens ». La ministre poursuit : « La vieillesse n’est pas un fardeau ni un naufrage, c’est la manifestation de la vie. Et jusqu’au bout, nous devons faire en sorte que les personnes âgées participent pleinement à la société, exercent leurs droits et choisissent leur lieu de vie ». Des propos auxquels on ne peut que souscrire. Elle ambitionne « de répondre aux attentes des personnes âgées et de leurs familles aujourd’hui mais aussi de préparer l’avenir. Des réformes majeures et des progrès sont déjà en cours qui permettront d’avancer vers une société davantage inclusive et protectrice pour les personnes âgées » et juge que la question ne relève pas seulement des moyens « même si la question des financements à long terme se pose. C’est surtout une question de priorisation et de définition de ce que nous voulons collectivement garantir pour les personnes âgées d’aujourd’hui et de demain ».
Pour Dominique Libault, qui pilote la concertation, il s’agit de « repenser l’offre » destinée aux personnes en perte d’autonomie lié au vieillissement et de « reposer la question de la définition et de l’évaluation de sa qualité » tout en remettant « les personnes âgées et leurs familles au cœur du dispositif en simplifiant leur parcours ». Autant de questions qui invitent à s’interroger sur la place accordée aux personnes âgées dans notre société.
Pour récolter les propositions, une plateforme digitale make.org est en place depuis le 1er octobre et pour 2 mois. Les Français sont invités à « donner des idées en 140 signes, pour proposer des solutions ou des initiatives qui permettraient d’aider les personnes âgées à mieux vieillir ». La consultation comprendra aussi des ateliers régionaux et des forums en région.
Un rapport « concret et opérationnel » devra être remis début janvier 2019 en vue d’une loi qui doit être votée avant fin 2019.
Gageons que les conclusions de cette ambitieuse entreprise, qui doit donner lieu à des propositions concrètes immédiates, mais aussi à moyen et long terme, ne se brise pas sur les partis-pris des lobbys pour accoucher d’une nouvelle loi ouvertement euthanasique. Ce serait beaucoup de bruit pour rien.