« Il n’y a pas de GPA éthique, c’est un terme marketing »

Publié le 18 Oct, 2021

Faisant la promotion de son livre Fils à papa(s), l’animateur Christophe Beaugrand se targue d’avoir eu recours à une GPA « éthique » qui ne ferait appel qu’à des mères porteuses « choisies sur leur haut niveau de revenus […] pour que l’argent ne soit pas une motivation ». Mais pour Céline Revel-Dumas, auteur de GPA, le grand bluff, si « les agences sélectionnent les femmes en écartant les plus précaires », car « la misère n’est pas très vendeuse », en règle générale « l’argent est bel et bien une motivation ».

« Pas de discours du merveilleux et du don, pas de travail. »

En moyenne, les mères porteuses sont payées entre 20.000 et 35.000 dollars aux Etats-Unis. Un montant qui peut atteindre 50.000 dollars. Des femmes qui « vivent la GPA comme un travail qu’il faut mener à bien avec tous les impératifs que cela comporte. Notamment celui de ne jamais parler d’argent avec les candidats à la parenté ».

Et lorsque les commanditaires croient « être choisis » par la mère porteuse ou la donneuse d’ovocyte, ils sont simplement « victimes du marchandising des agences ». Car ces femmes doivent intégrer un « script » : « pas de discours du merveilleux et du don, pas de travail ».

Les ovocytes aux enchères

Céline Revel-Dumas dénonce la « rhétorique altruiste » qui parle de « don » pour « dissimuler la financiarisation de la procréation ». Car la jeune femme à qui on prélève des ovocytes est « indemnisée » pour le temps passé ou les « désagréments » subis. C’est-à-dire des douleurs. Une « indemnisation » qui « sert de rémunération déguisée, affirme la journaliste, lorsque la loi interdit la vente de matériel humain ».

Les ovocytes peuvent se négocier de 6.000 à 50.000 dollars aux Etats-Unis. Une somme qui dépend de « l’âge, l’origine ethnique, le quotient intellectuel ». La « donneuse » est « d’abord évaluée sur des critères médicaux, psychologiques, intellectuels, physiques avant d’être évaluée commercialement », pointe Céline Revel-Dumas. « Une forme de mise sur le marché de la femme ». Ce qui s’appelait autrefois de l’« esclavage », rappelle-t-elle.

La chosification de la femme et de l’enfant

Dans les parcours de gestation par autrui, « le diagnostic pré-implantatoire (DPI) est systématiquement utilisé » dans une « logique eugéniste », souligne la journaliste. Sélection génétique et, « selon l’éthique des parents », du sexe du bébé. « Il n’y a pas de GPA éthique, c’est un terme marketing », estime Céline Revel-Dumas.

Des risques pour la santé des femmes

En outre, « la GPA est d’autant moins “éthique” que des études démontrent que les “grossesses-GPA présentent des risques plus élevés pour les femmes », insiste Céline Revel-Dumas. En effet, « les risques d’hypertension et d’hémorragies du post-partum sont en moyenne 20 % plus élevés que lors d’une grossesse non-GPA ».

De plus, « plus de la moitié des GPA sont gémellaires », souligne-t-elle. Car « pour avoir deux enfants, une GPA est moins chère que deux ». « Deux pour le prix d’un » ? Encore une fois, sans se préoccuper de la santé de la mère porteuse, puisque « n’importe quelle grossesse de jumeaux est considérée à risque ». « La prétendue “éthique” américaine a encore bien du chemin à faire… », estime Céline Revel-Dumas.

 

Source : L’Incorrect, Aurore Leclerc (15/10/2021) – Photo : Tumisu de Pixabay

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