Inde : la tuerie silencieuse de fœtus féminins

Publié le 15 Août, 2005

Notons dans le numéro de septembre de Marie-Claire un article intitulé : « Génocide en Inde. 36 millions de femmes manquent à l’appel ». Effectivement en Inde la naissance d’une fille est considérée comme une catastrophe. Les traditions ont forgé une société où elles n’ont aucune valeur, où seul un garçon a le droit d’hériter du nom et des biens et d’effectuer les rites funéraires du père. Pour la marier, la coutume veut que les parents établissent une dot, qui représente pour la famille une dépense considérable. Pour éviter tout cela, les filles sont donc supprimées. L’arrivée de l’amniocentèse et de l’échographie n’a fait qu’amplifier le phénomène. Aujourd’hui, en Inde, il « manque » au moins 36 millions de femmes. Pour le Dr Baljit Singh Dahiya, qui se bat depuis plus de vingt ans contre l’élimination des filles il s’agit d’un véritable « génocide ».

Dans ce pays, il est fréquent qu’une femme avorte, quatre, cinq, six fois jusqu’à ce qu’elle attende un garçon et ce geste est devenu presque banal. A Delhi, en 6 mois quelques 4 000 fœtus ont été éliminés. C’est une « tuerie silencieuse » dénonce un membre d’une ONG.

Certes la loi impose à l’hôpital public de ne pas révéler le sexe du bébé mais les cliniques privées, elles, ne s’en privent pas. Beaucoup proposent d’ailleurs un forfait "échographie + avortement" de 5 000 à 10 000 roupies (100 à 200 €). Des avortements tardifs sont aussi pratiqués clandestinement dans des cliniques peu scrupuleuses. Les autorités tentent de prévenir ces avortements sélectifs mais dans ce pays où la corruption est répandue aucun médecin n’a encore été condamné à la prison. L’IVG a remplacé un autre mode d’élimination des filles : l’infanticide après la naissance qui reste de mise dans les familles pauvres.

Pour combattre ce génocide, plusieurs états indiens offrent des bourses aux parents acceptant d’élever des filles mais cette aide n’a qu’un effet mineur.

L’Inde se masculinise donc et dans de nombreuses régions, par frustration sexuelle, la violence contre les femmes est en hausse. Beaucoup d’hommes sont maintenant à la recherche de femmes. Certains achètent même leurs épouses et l’on voit apparaître des cas de polyandrie.

Pour Donna Fernandes, membre de l’association féministe Vimochana, il s’agit « de la violation des droits humains la plus fondamentale qui soit. Il ne peut y avoir aucun droit humain si l’on vous refuse celui de naître ».

Le magazine Marie-Claire consacre également un article sur l’IVG intitulé « 200 000 IVG par an, ça suffit ! ». Il rappelle que ce n’est pas parce qu’ « on y a droit » qu’il faut avoir recours à une IVG à la légère. Il met en garde également sur les risques d’une telle intervention.

 

 

Marie-Claire (Béatrice Dehais – Katie Breen) septembre 05

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