Lundi 13 et mardi 14 décembre, une proposition de loi visant à dépénaliser le suicide assisté est examinée par les députés italiens (cf. Le débat sur l’euthanasie de retour en Italie). Le débat n’est qu’initié et les discussions quant aux « dispositions relatives à la mort volontaire médicalement assistée » reprendront au mois de février prochain. C’est alors que les députés procéderont au vote.
Les modalités
La proposition de loi envisage de dépénaliser le suicide assisté pour des patients majeurs, souffrant « d’une pathologie irréversible et fatale, source de souffrances physiques et psychologiques » jugées « intolérables ». Des patients qui devront « être maintenus en vie par des traitements, tout en étant capables de prendre des décisions libres et conscientes », et « être impliqué[s] dans un parcours de soins palliatifs ».
Le texte « s’inspire de la sentence de la Cour constitutionnelle qui a partiellement dépénalisé l’aide au suicide en 2019, un an après avoir invité les Chambres à légiférer », déclare Alfredo Bazoli, député du Parti démocrate et rapporteur du projet de loi (cf. Les Italiens ont-ils le droit de recourir au suicide assisté en Suisse ? La Cour Constitutionnelle renvoie la question au Parlement).
Objection de conscience
Le personnel médical pourra faire valoir une clause de conscience. Dans certaines régions du pays, « 95% des médecins » l’invoquent actuellement pour ne pas pratiquer d’avortement.
Le suicide assisté devra être approuvé par « un comité éthique, au sein du système de santé publique ». Et c’est le ministère de la santé qui sera en charge de définir « les protocoles et délais pour l’auto-administration d’un produit létal ».
Un texte dénoncé
Pour Alfredo Bazoli, « un compromis a déjà été trouvé entre le centre gauche et les partis de droite qui ont voté contre le texte en commission ». « Ils s’engagent à ne pas entraver le processus parlementaire », assure-t-il.
« L’État devrait donner espoir et soulagement aux patients affectés de pathologies incurables au lieu de leur offrir la mort », déplore de son côté Jacopo Coghe, vice-président de l’association Pro Vita & Famiglia. Aujourd’hui, « seuls 30 % des cancéreux » qui demandent une prise en charge palliative, l’obtiennent. L’association réclame plus de moyens pour les soins palliatifs et dénonce « l’impossibilité de poursuivre en justice de manière rétroactive les médecins et infirmiers impliqués dans l’aide à la mort volontaire ». Une « porte ouverte à des dérives dangereuses », estime Jacopo Coghe.
Source : La Croix, Anne Le Nir (13/12/2021) – Photo : iStock