Une « nouvelle étude d’envergure », menée par l’Institut Charlotte Lozier (CLI) dans 17 Etats des Etats-Unis, indique que les taux de visites aux urgences suite à un avortement médicamenteux ont augmenté de 507 % entre 2002 et 2015, passant de 8,5 pour 1000 à 51,7 pour 1000. La hausse est de 315 % après un avortement chirurgical.
Pour mener cette étude, les auteurs ont analysé les codes déclarés dans les dossiers Medicaid de 1999 à 2015, afin de déterminer les types de visite. L’analyse a porté sur « 423 000 avortements provoqués et 121 283 visites aux urgences survenues dans les 30 jours suivant la procédure ». Le système de notification des incidents indésirables de la Food and Drug Administration (FDA) quant à lui ne recense que les décès.
Les dangers de l’avortement à domicile
La publication de cette étude intervient alors que la FDA s’apprête à décider si les produits abortifs devaient à nouveau être délivrés lors d’une visite médicale (cf. Etats-Unis : la FDA maintient l’« avortement par la poste » ; COVID-19 : recrudescence des IVG par téléconsultation aux Etats-Unis, et des regrets). Après l’autorisation de la FDA en 2000, le nombre d’avortements médicamenteux n’a cessé de croître pour atteindre 50% des avortements en 2020.
L’Association américaine des obstétriciens et gynécologues pour la défense de la vie (AAPLOG)[1] a expliqué que les visites en présentiel sont « essentielles » « pour détecter les grossesses extra-utérines, qui peuvent mettre en danger la vie de la femme, pour estimer précisément l’âge gestationnel et pour déterminer si les femmes ont besoin de prendre du Rhogam, un médicament utilisé pour prévenir les complications lors de futures grossesses » (cf. Entre grossesses et IVG).
Pour le Dr Christina Francis, membre de l’AAPLOG, « de nombreuses études montrent qu’en moyenne 5 à 8 % des femmes doivent se rendre aux urgences pour des complications, et cela n’inclut même pas le nombre d’interventions chirurgicales effectuées dans les cliniques d’avortement ».
Complément du 09/02/2024 : Sage Publications vient de rétracter trois articles [2] publiés dans la revue Health Services Research and Managerial Epidemiology.
L’avis de rétractation indique qu’« un lecteur a contacté la revue pour lui faire part de ses préoccupations concernant l’article de 2021 », s’interrogeant sur une potentielle présentation des données « trompeuse », sur de possibles « défauts dans la sélection des données de la cohorte », ou encore « si les affiliations des auteurs avec des organisations de défense de la vie, y compris l’Institut Charlotte Lozier, présentent des conflits d’intérêts que les auteurs auraient dû divulguer en tant que tels dans l’article ».
Ces articles ont été cités par le juge de district américain Matthew Kacsmaryk dans un jugement concernant la mifépristone, une des deux substances utilisées pour un avortement médicamenteux. Les articles visaient à prouver que la mifépristone était probablement dangereuse Sur la base de ces articles et d’autres éléments, le juge Kacsmaryk a décidé de suspendre l’approbation de la mifépristone par la FDA (cf. Etats-Unis : la Cour suprême maintient l’accès à la pilule abortive). Une décision qui a été annulée par la suite (cf. Etats-Unis : la Cour suprême confirme le maintien de l’accès à la pilule abortive).
Pour le Dr James Studnicki, l’un des auteurs des trois études en question, ces rétractations sont « totalement injustifiées ». Elles visent à « discréditer les recherches scientifiques qui remettent en cause le parti pris pro-avortement enraciné dans le monde universitaire », dénonce-t-il. « Toutes les grandes associations de santé sont favorables à l’avortement, la plupart des revues sont favorables à l’avortement, tous les départements des universités sont favorables à l’avortement. »
Complément du 07/10/2024 : Jeudi dernier, dix chercheurs ont intenté une action en justice contre une « revue académique renommée » pour avoir procédé à « une rétractation à motivation politique », au début de l’année, de trois articles scientifiques traitant de l’incidence des complications liées à la pilule abortive. « La politique ne devrait jamais influencer la science, en particulier lorsque cette science est vitale pour sauver et protéger des vies », a déclaré Phil Sechler, conseiller spécial d’Alliance Defending Freedom, qui représente les auteurs.
[1] American Association of Pro-Life Obstetricians and Gynecologists
[2] Studnicki J, Harrison DJ, Longbons T, et al. A Longitudinal Cohort Study of Emergency Room Utilization Following Mifepristone Chemical and Surgical Abortions, 1999–2015. Health Services Research and Managerial Epidemiology. 2021; https://doi.org/10.1177/23333928211053965
Studnicki J, Longbons T, Harrison DJ, et al. A Post Hoc Exploratory Analysis: Induced Abortion Complications Mistaken for Miscarriage in the Emergency Room are a Risk Factor for Hospitalization. Health Services Research and Managerial Epidemiology. 2022;https://doi.org/10.1177/23333928221103107
Studnicki J, Longbons T, Fisher JW, Harrison DJ, Skop I, MacKinnon SJ. Doctors Who Perform Abortions: Their Characteristics and Patterns of Holding and Using Hospital Privileges. Health Services Research and Managerial Epidemiology. 2019; https://doi.org/10.1177/2333392819841211
Sources : Fox News, Sam Dorman (15/11/2021) ; Bioedge (08/02/2024) ; Washington examiner, Gabrielle M. Etzel (04/10/2024)