Après la Chambre des communes (cf. Synthèse de presse Gènéthique du 4 février 2015 et du 6 février 2015), la Chambre des Lords a validé hier le principe de procréation à partir de trois ADN. La Grande Bretagne est le premier pays à légaliser un procédé qui est loin de faire l’unanimité, et qui pose d’importantes questions tant éthiques que scientifiques[1].
En France, ce type de procédé n’est pas autorisé. Hervé Chneiweiss, neurologue et membre du CCNE explique : « C’est hors du cadre de la loi bioéthique. Mais elle est régulièrement révisée et il serait envisageable de discuter cette possibilité lors d’une prochaine révision ».
Pour autant, les incertitudes sont nombreuses souligne Hervé Chneiweiss : « C’est une technique compliquée et sophistiquée, rien ne prouve qu’elle soit vraiment utilisable en clinique humaine ». Si le changement génétique qu’impliquent ces manipulations est faible (1% de la quantité totale d’ADN), ses répercussions sont inconnues. De plus, le changement est définitif et se transmettra au travers des générations.
D’un point de vue éthique, des voix s’élèvent pour dénoncer « une porte ouverte vers l’eugénisme » (cf. Synthèse de presse Gènéthique du 9 février 2015, du 11 février 2015 et du 20 février 2015). Enfin, face à la « ‘biologisation’ à outrance de la procréation », Hervé Chneiweiss pose la question de la parentalité : « Est-on parent parce qu’on a transmis son ADN ou parce qu’on a élevé un enfant ? »
En attendant, les premiers bébés issus de cette conception pourraient naître dès l’année prochaine.
[1] Ce projet avait suscité la réaction et l’intervention de députés européens auprès du ministère de la santé britannique (cf. Gènéthique vous informe du 3 février 2015).
Métronews 25/02/2015 – Francetv info 25/02/2015