La médecine prénatale française: l’eugénisme s’accentue

Publié le 10 Juin, 2013

 Dans un entretien accordé à La Croix, le Dr Patrick Leblanc, gynécologue-obstétricien et coordinateur du Comité pour sauver la médecine prénatale (CSMP) tire la sonnette d’alarme sur la politique française de diagnostic prénatal. Il dénonce l’aggravation de l’eugénisme dans la médecine prénatale en France. 

Réagissant en premier lieu au rapport sur la santé périnatale “Euro-Peristat” rendu public le 27 mai 2013 (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 28 mai 2013) , le Dr Patrick Leblanc relève le taux français des enfants mort-nés, le plus élevé d’Europe: “40 à 50% sont attribuables à des interruptions volontaires de grossesse“. Il rappelle un autre record français, celui de l’élimination des foetus détectés porteurs de la trisomie 21. 

 

Selon l’Inserm, “cela s’explique […] par une politique très active de dépistage des anomalies congénitales“. Pour le gynécologue-obstétricien, “la commercialisation des tests sanguins précoces – ou dépistage prénatal non invasif (DPNI) – risque d’aggraver les choses“. S’il ne “remet pas en cause l’avancée technique” du DPNI, il alerte sur le fait que ce test sera proposé très tôt,  dans le délai légal de l’interruption volontaire de grossesse. Par conséquent, “avant même de parler de vie intra-utérine, les futurs parents seront exposés au dilemme de l’élimination du foetus“.

 

Alors que le CNGOF (Conseil national des gynécologues et obstétriciens français) puis le Comité d’éthique français se sont prononcés en faveur du DPNI (Cf Synthèses de presse Gènéthique du 18/02/2013 et 25/04/2013) le Dr Patrick Leblanc s’interroge: “Sur la simple recommandation de cette autorité, notre pays fera-t-il le choix d’un ‘hyper-dépistage’ sans s’inquiéter de l’aggravation de la dérive eugénique?“. Il rappelle qu’il est encore temps de faire marche arrière. Le Japon, par exemple, qui “a vécu sous l’emprise d’une loi dite de ‘Protection eugénique’” (abolie en 1996) se réapproprie aujourd’hui le questionnement éthique et est d’ailleurs très prudent face au DPNI. 

Le Dr Patrick Leblanc conclut en rappelant l’urgence de repenser collectivement la médecine prénatale. 

 Lacroix.fr (Marine Lamoureux) 11/06/2013

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