Dans une tribune publiée dans le Figaro du 20 octobre 2015, Emmanuel Hirsch se penche sur la proposition de loi Claeys-Leonetti, examinée ce mercredi 21 octobre par la commission des affaires sociales du Sénat. Il considère que cette proposition de loi pave le chemin d’une légalisation prochaine de l’euthanasie, mettant en cause la pratique de la sédation profonde et continue (SPC) ou « sédation euthanasique ».
Cet « acte médical » a « pour fin d’altérer de manière irréversible la conscience de la personne en vue d’une mort ‘apaisée’ », et induit le patient à « mourir dans un état de coma » ou de « mort sociale » car plus aucun lien relationnel ne subsiste. Ce qui explique qu’il soit « assimilé à une euthanasie » par certains.
Poussant plus loin l’assimilation à l’euthanasie, le professeur aborde la question de l’alimentation et de l’hydratation artificielles, qui, selon le législateur, « constituent un traitement » qu’il faut arrêter dans le cadre d’une SPC car perçues comme de l’obstination déraisonnable. Il explique « qu’abolir la conscience d’une personne et ne plus l’hydrater a pour conséquence directe l’anéantissement de son existence cognitive et l’extinction de sa vie biologique », ce qui revient in fine à de « l’euthanasie passive ».
Enfin, la « formulation de la proposition de loi qui instaure le recours possible à la SPC de manière plus routinière », « à la demande du patient d’éviter toute souffrance et de ne pas prolonger inutilement sa vie [1]» fait planer une ombre sur les patients. Le risque est en effet grand pour les soignants « d’opter d’emblée, sur simple demande de la ‘personne malade ou en fin vie’ pour une SPC » « en conformité avec la loi », et de ne « plus accorder l’attention nécessaire aux approches antalgiques alternatives, ne serait-ce que dans le cadre d’une ‘sédation classique’ ».
[1] Texte de la proposition de loi Claeys-Leonetti.
Le Figaro (20/10/2015)