L’AMP doit-elle être prise en charge par la solidarité nationale ?

Publié le 31 Mai, 2007

Le coût de l’AMP

 

L’assistance médicale à la procréation coûte cher. En 2004, selon les derniers chiffres de l’Agence de la biomédecine, 113 000 tentatives d’AMP ont été recensées en France et 17 791 enfants sont nés grâce à ces techniques. Or, chaque tentative d’AMP coûte entre 3 500 et 5 000 euros.

 

Interrogée dans le Monde du 28 mai 2007, et devant l’augmentation des demandes, dans des situations souvent non prévues par la loi, Véronique Fournier, médecin de santé publique et directrice du centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin, demande un débat national : est-ce à la solidarité nationale de payer pour des demandes qui relèvent davantage de la convenance personnelle que de la maladie ?

 

De plus en plus de cas limites

 

Avant de parler des mères porteuses ou de l’accès des homosexuels à l’assistance médicale à la procréation, ne faut-il pas s’interroger sur la légitimité d’une prise en charge de l’AMP dans les cas limites de plus en plus nombreux qui sont soumis à l’appréciation des Centres d’éthique clinique ?

 

Les demandes sortent souvent du cadre imaginé par le législateur : le recours à l’AMP est-il légitime par exemple pour donner un enfant à un homme de 70 ans qui a fait congeler son sperme avant une chimiothérapie et refait sa vie avec une jeune femme ? Que penser d’une demande d’AMP émanant d’une femme de 43 ans qui s’est faite ligaturer les trompes après avoir eu trois enfants lors d’une précédente union malheureuse et souhaite à nouveau devenir mère ?, etc.

 

Le rôle de l’assurance-maladie

 

L’assurance-maladie finance les soins rendus nécessaires du fait d’une maladie ; son rôle n’est pas de pallier les injustices ; ainsi, la Sécurité sociale ne rembourse pas la chirurgie esthétique. Alors que l’on envisage de limiter l’accès aux technologies coûteuses en fonction de l’âge du patient, Véronique Fournier insiste : « demandons-nous collectivement si c’est ou non le rôle de la société de payer pour les demandes qui relèvent davantage de la convenance personnelle que de la maladie ?».

 

La nécessité d’un débat public

 

Véronique Fournier propose que l’infertilité liée à une maladie soit prise en charge et que dans les cas où une réponse éthique serait trop difficile, une commission multidisciplinaire soit saisie afin d’établir si la solidarité nationale assume ou non le financement du projet parental. Mettre en débat public ce que la solidarité nationale doit ou non financer va devenir une question incontournable dans les années à venir. 

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