Laurent Alexandre : la congélation des ovocytes, “un pas de plus vers la sélection des embryons”

Publié le 16 Oct, 2014

Cette semaine, la chaîne de télévision NBC News a révélé le financement, par Facebook et Apple, de la congélation des ovocytes de leurs employées, afin de retarder leurs grossesses (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 15 octobre 2014). Outre-Atlantique, cette technique aurait déjà permis près de 5000 naissances. 

 

Interviewé sur cette pratique par le site lesechos.fr, Laurent Alexandre, responsable d’une société de séquençage d’ADN, DNAVision, estime qu’elle est “une illustration concrète de la banalisation de la fécondation in vitro, qui est appelée à devenir le mode principal de fécondation. La congélation des ovocytes est un pas de plus vers la sélection d’embryons, vers laquelle on se dirige aujourd’hui à toute vitesse”. Au point que dans la deuxième moitié de ce XXIème siècle, avoir une fécondation qui ne soit pas in vitro “sera vu comme incongru“. 

 

L’argument avancé par les deux multinationales ? Le confort. “Bien sûr“, précise L. Alexandre, mais dès lors qu’un embryon est stocké, “cela vous donne la possibilité de faire de la sélection dans le futur. Ce n’est qu’une étape intermédiaire, car l’étape d’après sera de fabriquer des ovules à partir de cellules iPS, une technologie qui est déjà expérimentée chez l’animal et qui sera au point chez l’humain à partir de 2020-2025.

 

Réservé au départ à la stérilité, le champ de la fécondation in vitro s’est petit à petit étendu, poursuit L. Alexandre : “l’homosexualité, puis le diagnostic embryonnaire dans les cas de maladies rares, le stockage des ovocytes pour des raisons de confort“. Ensuite, “viendra la généralisation du séquençage et du choix des embryons à des fins ‘eugénistes 2.0’. On assiste à un continuum dans la banalisation de la fécondation in vitro. La technologie ultime sera l’utérus artificiel, mais elle n’arrivera qu’après 2050.

 

Finalement, pour le président de DNAVision, “les gens sont prêts à accepter n’importe quelle transgression technologique pour moins vieillir, moins souffrir et moins mourir“. Tout en précisant qu’il “n’accepte pas cette évolution“, L. Alexandre mentionne qu’ “elle [lui] semble inévitable.
 

S’interrogeant également sur cette technique, Le Figaro santé précise que si la congélation des ovocytes “augmente sensiblement les chances de grossesses tardives, la probabilité pour une femmes de plus de 42-43 ans de tomber enceinte dans ces conditions reste  quand même inférieur à celle d’une femme de 30 ans qui essaierait de tomber enceinte physiologiquement“. De plus, cette pratique n’est pas sans risque : hypertension artérielle, naissances prématurées …etc. 

 

En France, la pratique ne fait pas l’unanimité. Si le Collège national des gynécologues et obstétriciens s’est dit favorable à la congélation des ovocytes de convenance (Cf Synthèse de presse Gènéthique du 13 décembre 2012), ce n’est pas le cas de la Fédération des Centres d’étude et de conservation des oeufs et du sperme (CECOS) qui redoute qu’une telle autorisation “n’encourage les grossesses tardives”. En outre, la Fédération des CECOS “s’inquiète d’une médicalisation excessive de  la procréation“.

 

Lesechos.fr (Benoît Georges) 16/10/2014 – sante.lefigaro.fr (Pauline Fréour) 16/10/2014

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