« Est-ce problématique de faire parler les morts ? Y a-t-il une atteinte au principe de respect de la dignité de la personne humaine ? » Autant de questions qui s’imposent alors que « Microsoft a déposé en janvier 2021 le brevet d’un « chatbot » qui permet de communiquer avec nos proches décédés ».
Le chatbot est « un système informatique qui a appris à dialoguer avec un utilisateur par écrit ou par oral » qui utilise « un grand nombre de modules d’intelligence artificielle, de reconnaissance et d’interprétation du langage ». Ici, il s’agit de permettre à l’intelligence artificielle d’apprendre « à partir des données personnelles du défunt, une version numérique de celui-ci ». Parler avec ce chatbot, serait « comme » échanger avec le défunt.
Pour Laurence Devillers, professeur en intelligence artificielle à Sorbonne-Université, chercheur au CNRS, et membre du comité pilote d’éthique du numérique, « les techniques du numérique, le traitement de l’information et l’intelligence artificielle transforment nos sociétés en profondeur, bouleversant nos relations à l’information, à la connaissance, à la vérité, à l’espace, à la formation, au travail mais aussi à la vie intime, à la mémoire et aux autres ».
Mais la réflexion éthique sur ces sujets reste en panne, « rendue difficile par l’impossibilité d’anticiper toutes les applications d’une technologie qui se réinvente sans arrêt et par la multitude de ses usages ». Pourtant, une réflexion sur la façon sont les « objets numériques » influencent nos comportements, « notamment quand ils détectent nos émotions et sont capables de simuler de l’empathie », doit s’imposer, avant qu’il ne soit trop tard.
Source : La Croix (11/01/2021)