Le débat américain sur la stérilisation s’exporte en France

Publié le 18 Oct, 2015

 

Selon son fabricant, le laboratoire Bayer, Essure® est une méthode de stérilisation « non invasive, rapide et efficace ». Dans un contexte houleux et du fait de la « colère de ses utilisatrices », une étude du British Medical Journal s’est toutefois intéressée aux effets indésirables du dispositif.

 

Selon les auteurs du BMJ, « la stérilisation féminine est l’une des méthodes les plus couramment utilisées dans le monde », « adoptée par plus de 10 millions de femmes en âge de procréer aux Etats unis ». Alternative « moins invasive » à la ligature des trompes, le dispositif Essure® « a reçu une approbation européenne en 2001 puis en 2002 par la US Food and Drug Administration (FDA ». Il s’agit de « ressorts longs de 4 cm » insérés dans les trompes de Fallope, qui induisent une prolifération des tissus et provoqueront ainsi l’obstruction des trompes en trois mois.

 

Cette technique « séduisante » est présentée par son fabricant comme « la seule méthode de contrôle des naissances permanent que vous pouvez obtenir avec une procédure non chirurgicale. Il peut vous aider à arrêter de vous soucier d’une grossesse qui serait non planifiée. La procédure Essure® est généralement achevée en une dizaine de minutes et peut être effectuée au cabinet de votre médecin ».

 

Aux Etats Unis cependant, des actions ont été engagées contre le laboratoire, et des demandes de retrait du marché ont été formulées. Sont en cause, le risque accru de ré-intervention chirurgicale et les troubles, suite de la pose d’Essure (« anémie, dépression, problèmes cardiaques et rénaux, hypertension… »). La FDA a mis en place récemment un « comité consultatif pour approfondir la question de la sécurité de l’approche Essure®, pour déterminer si le dispositif doit éventuellement être soumis à certaines restrictions ou à des modifications d’étiquetage ».

 

En France, « la polémique américaine n’aurait pas lieu d’être » a-t-on entendu, car « la prise en charge des patientes Essure est complètement différente » (pose en milieu hospitalier, contrôles à trois mois, formation des chirurgiens). Mais « la situation est elle aussi simple qu’on le dit ? » L’ANSM[1], la DGS[2] et la DGOS[3] « envisagent de mettre en place des mesures pour mieux encadrer la pratique de stérilisation définitive par méthode Essure® ». L’ANSM a d’ailleurs déjà lancé « il y a quelques mois, une investigation sur la sécurité de cette pratique ».

 

 

[1] Agence nationale de Sécurité du Médicament

[2] Direction Générale de la Santé

[3] Direction Générale de l’Offre de Soins

 

Jean Yves nau (19/10/2015)

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