Alors que les commissions de la justice et des affaires sociales du Parlement italien avaient accepté une proposition de loi relative à légalisation de l’euthanasie, une pétition a atteint 750 000 signatures au mois d’août. Trente-sept ans après les premiers projets de loi, l’euthanasie et l’aide au suicide sont toujours punies de 5 à 12 ans de prison, en Italie.
Une nouvelle proposition de loi
Un compromis entre plusieurs propositions de lois a abouti à un texte de base. Plusieurs partis étant opposés à la légalisation de l’euthanasie, des amendements seront déposés, lors du parcours législatif du texte.
Ce dernier prévoit des conditions à la mise en œuvre de l’euthanasie. En effet, le patient devra présenter une « pathologie irréversible ou un pronostic vital trop engagé pour demander une assistance médicale ». Il devra par ailleurs être majeur, capable de prendre une « décision libre », et présenter « une souffrance physique ou psychique qu’il juge intolérable ». De plus, « l’euthanasie n’est possible que si la personne bénéficie d’un traitement de maintien en vie ». Il convient de noter que cette notion n’est pas pour l’instant définie. Enfin, « le patient doit bénéficier de soins palliatifs » ou les avoir expressément refusés.
Il appartiendra au Service National de la Santé (SSN) de vérifier que ces conditions sont remplies, après l’avis favorable d’un comité d’éthique compétent.
Le contexte italien
Ce projet de loi intervient dans un contexte de forte pression sur le Parlement. En effet, d’une part, en 2017, la Cour constitutionnelle avait déjà été saisie, au motif que la pénalisation de l’aide au suicide était contraire au droit à l’autodétermination. Elle avait ainsi donné, en novembre 2018, un délai d’un an au Parlement italien pour légiférer sur cette question. Aucun débat législatif n’ayant eu lieu, la Cour constitutionnelle avait rendu un arrêt en 2019, dans lequel elle posait les conditions de la dépénalisation. Ces dernières sont aujourd’hui reprises dans la proposition de loi. (Cf. Italie : la Cour constitutionnelle estime licite l’euthanasie alors que la loi la punit).
D’autre part, en août, une pétition en faveur de la légalisation de l’euthanasie a atteint 750 000 signatures, dépassant ainsi le seuil des 500 000 indispensables pour l’organisation d’un référendum.
Les craintes du Vatican
Face à cette situation, Mgr Vicenzo Paglia, président de l’Académie pontificale pour la vie, a souligné, lors d’un entretien accordé à Vatican News lundi 16 août, « Il y a la tentation d’une nouvelle forme d’eugénisme ». « Mon inquiétude est vraiment profonde parce qu’une conception vitaliste de la vie s’installe progressivement dans la sensibilité de la majorité, une conception jeune et saine sur la base de laquelle on expulse tout ce qui ne correspond pas à un certain bien-être et à une certaine conception de la santé. » Il a aussi rappelé que « la fragilité, la faiblesse, est une partie constitutive de la nature humaine et de la création tout entière. Et cela appelle une nouvelle relation fraternelle entre tous. » Évoquant l’encyclique Fratelli Tutti, il conclut ainsi « c’est dans la fraternité que nous pouvons dessiner un avenir plus humain pour nous tous. »
Sources : La Croix, Matthieu Lasserre (