Le fœtus est sensible à la douleur… et aux émotions

Publié le 9 Oct, 2013

 Alors que Carlo Bellieni s’interroge sur la souffrance de la femme à la suite d’un avortement (Voir La Lettre mensuelle de Gènéthique – Septembre 2013), qu’en est-il du fœtus ? Un article, publié sur le NYTimes.com mi septembre, informait que la chambre des représentants des Etats-Unis avait voté un projet de loi tendant à étendre l’interdiction de l’avortement au-delà de 20 semaines, en vigueur dans douze états, au motif qu’au-delà de cette date, le fœtus ressent de la douleur. Cela signifie-t-il qu’en deçà de 20 semaines le fœtus ne ressent rien ? Le professeur Emmanuel Sapin (1) nous éclaire sur la question.

 
 
Il faut distinguer entre la souffrance physique (douleur) et la souffrance psychique en tant que ressenti psychique conscient de la douleur physique. Cette souffrance psychique n’est ressentie par l’enfant qu’après sa naissance.
La souffrance physique en tant qu’acheminement au cerveau de stimulation dite nociceptive(2) (provoquée par ex. par une piqûre), nécessite une maturation du système neurologique.
 
 
Il faut distinguer : l’arc réflexe présent bien avant 20 semaines (retrait d’un membre à la piqûre), de l’information remontant, disons, à la “partie basse” du cerveau, possible avant 20 semaines, et, enfin, la mémorisation cérébrale de la douleur qui, elle, se fait dans des centres “plus haut” du cerveau qui n’est pas encore suffisamment mature à 20 semaines. Pour cette raison, ignorant les effets centraux sur le fœtus d’une stimulation douloureuse, nous avions pris le parti, lorsque, pionniers, nous avons opéré des fœtus porteurs de certaines malformations graves, à l’Hôpital Saint Vincent de Paul à Paris dans les années 89-91, d’anesthésier le fœtus opéré en injectant un produit dans le cordon afin de lui éviter toute douleur.
 
 
Enfin, un état douloureux ressenti par la femme enceinte est un stress auquel elle réagit en sécrétant des hormones (adrénaline et cortisol) qui auront un effet sur le cerveau du fœtus dès le deuxième trimestre de la grossesse, avec des conséquences sur le comportement post-natal de l’enfant. 

1. Professeur en chirurgie infantile et néonatale, et chef de service en chirurgie pédiatrique au CHU de Dijon ;

2. Stimulation douloureuse d’un récepteur nerveux du corps.

 Gènéthique

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