Le Gouvernement français demande la création d’un groupe d’étude sur le « compostage humain »

18 Mar, 2024

En réponse à une question orale de Bernard Fialaire, sénateur du Rhône, Marie Guévenoux, ministre déléguée chargée des Outre-mer, a indiqué le 7 mars qu’un groupe de travail « sera constitué avant la fin du premier semestre, sous l’égide du Conseil d’État » afin d’étudier la possibilité d’autoriser l’« humusation » en France. Le sénateur insiste sur le caractère « écologique et économique » du procédé.

Seules l’inhumation et la crémation sont possibles en France

Comme l’a rappelé la ministre, seules l’inhumation et la crémation sont aujourd’hui possibles en France. Le Code civil dispose que le respect dû au corps humain « ne cesse pas avec la mort ». L’article 16-1-1 précise en outre que les restes des défunts doivent « être traités avec respect, dignité et décence ».

Depuis plusieurs années, des méthodes plus « écologiques » sont toutefois recherchées. La députée de l’Isère, Élodie Jacquier Laforge, a ainsi déposé une proposition de loi afin de lancer une « expérimentation visant à développer l’humusation » (cf. « Compostage humain » : vers un nouveau rite funéraire en France ?). En outre, une pétition en ligne a recueilli plus de 26 500 signatures.

En théorie, l’« humusation » semble une méthode permettant de préserver l’environnement. En effet, la dépouille n’est pas embaumée, mais enveloppée d’un linceul biodégradable, avant d’être déposée sur un lit de matière compostable, comme du broyat de branches ou des feuilles, puis recouvertes de ce même matériau pour former une butte.

« L’humusation naturelle n’est pas en l’état une alternative viable »

Deux expérimentations ont été menées en Belgique avec des dépouilles de porc, dont les caractéristiques sont assez proches des corps humains en termes de poids, de taille et de physiologie. Elles ont montré une faible décomposition des carcasses.

Du fait de l’influence de la température extérieure, l’analyse du centre des buttes a également démontré une « hygiénisation »[1] insuffisante. En outre, des quantités d’ammoniaque jusqu’à 57 fois supérieures à celles d’un sol témoin, et susceptibles de polluer les cours d’eau, ont été estimées sous les buttes.

Adrien Dockx, Rémi Desmet et Philippe Baret, les auteurs du rapport portant sur l’expérimentation ont conclu que « l’humusation naturelle n’est pas en l’état une alternative viable à l’incinération et à l’inhumation traditionnelle ». Début 2024, la Belgique a donc de nouveau interdit le procédé.

D’autres pratiques à l’étranger

Aux Etats-Unis, certains Etats autorisent le « Recompose » (cf. Au tour de la Californie d’autoriser le « compost humain »). La méthode se rapproche de l’« humusation », mais elle utilise un procédé technologique. « Le corps est introduit dans un gros cylindre métallique tournant équipé d’un crochet pétrisseur, contenant de la matière végétale dans lequel de l’air humide à + de 50°C est injecté en permanence » explique la fondation belge Métamorphose pour mourir… puis donner la vie.

En Australie, au Canada et dans certains Etats américains notamment, l’« aquamation », ou « hydrolyse alcaline », est aussi possible. Elle consiste à « dissoudre » la dépouille du défunt dans une eau chauffée à plus de 90°C, avec des carbonates, du sodium et du potassium. En quelques heures, les tissus du corps « disparaissent », puis les os sont réduits. Le procédé a été notamment choisi par le prix Nobel de la paix, Desmond Tutu.

Enfin, il existe par ailleurs la « cryomation », également appelée « promession ». Elle consiste à plonger le corps du défunt dans de l’azote liquide à très basse température, pour ensuite le réduire en poussière.

 

[1] Traitement qui vise à détruire la majorité des agents pathogènes

Source : Le Figaro le particulier, Stéphanie Delmas (15/03/2024)

DERNIERES ACTUALITES
Partager cet article
[supsystic-social-sharing id='1']

Toute l’actualité bioéthique
chez vous, gratuitement

Cochez vos choix :

En validant ce formulaire, j’accepte de recevoir les informations du site Gènéthique par email et accepte la politique de confidentialité