Le marché de la procréation prospère en Espagne

Publié le 17 Juin, 2024

En Espagne, 11% des naissances concernent des femmes âgées de plus de 40 ans, le taux le plus important au monde. En outre, le Registro Nacional de Actividad 2021-Registro SEF [1] indique qu’en 2021, 165 453 cycles de fécondation in vitro (FIV) et 33 818 inséminations artificielles ont été pratiqués, aboutissant à la naissance de 40 638 bébés.

Un secteur en pleine croissance

Le secteur est « en pleine expansion ». Selon l’Observatoire sectoriel DBK de la société Informa, « les centres privés spécialisés dans les traitements de procréation assistée ont généré un chiffre d’affaires global d’environ 630 millions d’euros en 2023, ce qui représente une croissance de près de 5 % par rapport à l’année précédente ». Si l’on ajoute à cela la partie relative au secteur public, le montant total de ces traitements est estimé en 2023 à 820 millions d’euros [2].

En moyenne, une insémination artificielle coûte environ 700 à 800 euros, quand une FIV ou une ICSI [3] s’élève entre 4 000 et 5 000 euros. Le don d’ovocyte revient à environ 7 000 à 8 000 euros, et la ROPA [4] entre 5 000 et 6 000 euros approximativement. A ces montants s’ajoutent des frais pour les études de fertilité, les médicaments, les tests…

Un autre créneau « en plein essor » est celui de la « préservation de la fertilité ». Ainsi, de plus en plus de femmes, « prévoyant qu’elles ne voudront devenir mères qu’après 40 ans », décident de congeler leurs ovocytes « pendant qu’ils sont encore frais ». Alors qu’en 2010, 281 femmes ont eu recours à cette procédure, elles étaient 7 712 en 2021. Seul un tiers d’entre elles l’a fait pour des raisons médicales. La technique coûte de 2 000 à 4 000 euros, auxquels s’ajoutent des frais de conservation annuels, de l’ordre de 300 euros.

Une destination pour le « tourisme reproductif »

Actuellement, environ 11 % des traitements effectués en Espagne sont pratiqués sur des patientes issues d’autres pays, tels que le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne ou encore l’Italie. Parmi les raisons qui poussent ces femmes au voyage, le fait que les listes d’attente sont « pratiquement inexistantes » (cf. PMA : le retour du marché, mais pas (encore) du père ? ; « PMA pour toutes » : les délais s’allongent, les donneurs se font désirer)

Le chiffre d’affaires de ce « tourisme reproductif » est estimé à environ 700 millions d’euros par an. En effet, au-delà de la partie traitement, il faut prendre en compte les aspects logistiques du voyage, l’hébergement et la nourriture pendant le séjour.

Un secteur très concentré

En plus d’être « porteur », le secteur est aussi « très concentré ». Au premier trimestre 2024, 308 centres de procréation assistée opéraient en Espagne. Parmi eux, on en recensait plus de 65 % à Madrid, en Catalogne, à Valence et en Andalousie. Et les cinq premiers acteurs représentent plus de la moitié du chiffre d’affaires des centres spécialisés.

L’acteur principal sur ce marché est l’Instituto Valenciano de Infertilidad (IVI), qui a clôturé l’année 2022 avec un chiffre d’affaires d’environ 210 millions d’euros en Espagne et de 470,2 millions d’euros au niveau mondial. Son deuxième marché est les Etats-Unis (cf. PMA : la procréation vise la productivité). Son bénéfice s’élève à 60,5 millions d’euros. Ce groupe, fondé à Valence, a été racheté par KKR, un « géant allemand » qui a également acquis GeneraLife et vient de racheter les cliniques de procréation médicalement assistée Eugin à la société Fresenius.

L’attractivité du secteur attire des fonds d’investissement et des sociétés de capital-risque, ainsi que des capitaux de nouveaux groupes spécialisés étrangers.

 

[1] Le rapport statistique sur les traitements de procréation assistée auquel participent tous les centres de fertilité espagnols

[2] Répartis à 76,8 % pour des centres spécialisés privés, 11,7 % pour des hôpitaux publics et 11,5 % pour des cliniques privées

[3] Injection Intracytoplasmique de spermatozoïde

[4] réception des ovocytes de la partenaire. La technique est destinée à ce que deux femmes soient « mères biologiques » de l’enfant ainsi conçu (cf. Loi de bioéthique : ROPA, PMA post-mortem, le gouvernement a posé ses limites)

Source : El Mundo, María Corisco (17/06/2024) – Photo : iStock

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