Les conséquences de l’affaire Hwang Woo-suk

Publié le 9 Jan, 2006

Le magazine La Vie revient sur l’affaire du chercheur Coréen Hwang Woo-suk. L’éditorialiste Max Armanet explique que dans ce dossier les enjeux médiatiques et financiers sont tels que la découverte d’autres fraudes est aujourd’hui prévisible. Il reconnaît que les recherches sur les cellules souches adultes sont plus prometteuses dans une perspective thérapeutique mais beaucoup moins "excitantes !". Le mensonge de Hwang Woo-suk s’explique par la compétition sur le clonage que se livrent les laboratoires et les pays du monde entier. 

En France cette affaire intervient à un moment clé du débat puisque le 22 novembre dernier, une journée d’auditions publiques avaient été organisée à l’Assemblée nationale par le député Alain Claeys où il s’était largement prononcé en faveur du clonage.

Cette supercherie devrait donc stopper ces revendications sans pour autant clore le débat car "au delà des problèmes de faisabilité demeure la question éthique fondamentale : peut-on créer un embryon humain afin de l’utiliser pour soigner un malade?".

Carine Camby, directrice de l’agence de biomédecine réagit elle aussi à cette affaire. Elle estime que les conséquences de cette affaire seront importantes au sein de la communauté scientifique, et pour les États qui "à la suite de l’annonce des résultats coréens avaient ouvert une réflexion en vue d’autoriser le clonage thérapeutique". Aujourd’hui les discussions sur la nécessité d’autoriser les recherches dans ce domaine sont stoppées. Pour elle, cet évènement ne remet pas en cause la recherche sur l’embryon. Au contraire, "il pourrait inciter des équipes à développer les recherches sur des embryons surnuméraires puisque le clonage thérapeutique se révèle plus difficile que prévu".

Elle rappelle que le décret autorisant la recherche sur l’embryon doit paraître en janvier et explique qu’il s’agit d’un système de dérogation : "Les recherches" doivent "permettre des progrès thérapeutiques" et ne peuvent être accordées que "s’il n’existe pas d’autres alternatives possibles, en utilisant par exemple des cellules souches adultes."

Quant à Jean-Claude Guillebaud, auteur en 2001 du "Principe d’humanité", et en 2003 du livre "Le goût de l’avenir", il met en garde contre les idéologies qui parasitent la science. Comme il y a eu le "tout génétique", il y a le "tout clonage"… : "Sur cette science-là [ la génétique] s’était greffée ce qu’il faut  bien appeler une idéologie, avec son pathos et sa suffisance. C’est cette idéologie que l’affaire de Corée nous invite aujourd’hui à questionner fermement".

La Vie (Claire Legros) 05/01/06

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