Lésions cérébrales : les traitements arrêtés trop tôt ?

17 Mai, 2024

Selon une nouvelle étude, certains patients souffrant de lésions cérébrales traumatiques et décédés après l’arrêt des traitements de « maintien en vie » auraient pu se rétablir s’ils avaient disposé de plus de temps. Ces travaux ont été menés au Mass General Brigham de Boston, une organisation de recherche biomédicale qui comprend plusieurs hôpitaux universitaires de la Harvard Medical School. Ils ont été publiés dans le Journal of Neurotrauma [1].

Les traitements arrêtés à cause du pessimisme des médecins ?

Les lésions cérébrales traumatiques graves touchent plus de 5 millions de personnes par an, indique l’auteur principal de l’étude, le Dr Yelena Bodien, professeur adjoint au département de neurologie au Massachusetts General Hospital. « Il est difficile de prédire qui se remettra d’une grave lésion cérébrale traumatique et dans quelle mesure. Pourtant, il est souvent demandé aux familles de prendre des décisions concernant la poursuite ou le retrait du maintien en vie, comme l’assistance respiratoire, dans les 72 heures suivant la lésion », souligne-t-elle.

La raison la plus fréquente pour laquelle les familles optent pour l’arrêt des mesures de maintien en vie est que les médecins prédisent un mauvais pronostic neurologique. Or les chercheurs affirment que certains patients pour lesquels le maintien en vie a été supprimé auraient pu survivre et retrouver une certaine autonomie quelques mois après leur traumatisme.

Modéliser l’évolution des patients

Pour arriver à ces conclusions, ils ont conçu un modèle mathématique permettant de calculer la probabilité d’interruption du traitement de maintien des fonctions vitales à partir de données recueillies sur une période de 7,5 ans auprès de 1392 patients ayant subi une lésion cérébrale traumatique, dans les unités de soins intensifs de 18 centres de traumatologie américains [2]. Ils ont ensuite « jumelé » des patients qui continuaient à recevoir un traitement de maintien en vie à des personnes ayant des « scores » issus du modèle similaires, mais pour lesquelles le traitement de maintien en vie avait été arrêté.

Parmi les patients auquel on n’a pas retiré d’assistance, plus de 40% ont retrouvé « au moins une certaine autonomie ».

En outre, l’équipe de recherche a constaté que le maintien dans un « état végétatif » était peu probable six mois après le trauma. Aucun des patients décédés n’avait été déclaré en état de mort cérébrale, de sorte que leurs résultats ne s’appliquent pas à ce type de situation.

Sortir du cercle vicieux

A partir des données à leur disposition, les médecins considèrent souvent que les patients s’en sortiront mal. Ce qui conduit au retrait des dispositifs de maintien en vie, ce qui augmente ainsi les taux de « mauvais résultats » et entraîne encore plus de décisions de retrait du maintien en vie.

« Les médecins devraient être très prudents lorsqu’ils interrompent les traitements de maintien en vie des patients, en particulier dans les 72 premières heures suivant une lésion cérébrale traumatique », a déclaré le Dr Julio Chalela, un professeur de neurochirurgie à Medical University of South Carolina, à Charleston.

D’autres études, portant sur des populations plus importantes, sont nécessaires pour permettre une comparaison plus précise entre les patients pour lesquels le maintien en vie est retiré et ceux pour lesquels il ne l’est pas, indiquent les chercheurs. Cela aiderait à comprendre les différentes « trajectoires de récupération » des personnes ayant subi des lésions cérébrales traumatiques.

 

[1] William R. Sanders et al, Recovery Potential in Patients Who Died After Withdrawal of Life-Sustaining Treatment: A TRACK-TBI Propensity Score Analysis, Journal of Neurotrauma (2024). DOI: 10.1089/neu.2024.0014

[2] Ils ont basé leur modèle sur des données démographiques, des facteurs socio-économiques et les caractéristiques des lésions.

Source : UPI, Susan Kreimer (13/05/2024)

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