Jeudi 18 mars, le Congrès des députés espagnol a approuvé la légalisation de l’euthanasie, par 202 voix pour, 141 contre et deux abstentions. Le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez a salué ce vote. La loi doit entrer en vigueur dans trois mois (cf. Espagne : le Sénat approuve la loi dépénalisant l’euthanasie).
L’euthanasie, c’est-à-dire « l’administration directe au patient d’une substance par le professionnel de santé compétent », et le suicide assisté, « la prescription ou la fourniture au patient par le professionnel de santé d’une substance, afin que le patient puisse se l’administrer lui-même, pour provoquer sa propre mort » sont légalisés tous les deux.
Un processus défini par la loi
Pour y avoir recours, la personne doit « souffrir d’une maladie grave et incurable ou d’une affection grave, chronique et invalidante » qui entraîne une « souffrance intolérable ». Plusieurs étapes sont définies. La demande du patient doit formuler sa demande par écrit à deux reprises, en 15 jours. Il doit y certifier qu’elle n’est pas « le résultat d’une quelconque pression extérieure ». A la seconde demande du patient, le médecin doit la transférer à la commission régionale correspondante, qui doit donner une réponse « dans un délai de 19 jours ».
La commission nomme ensuite « deux professionnels, sans lien avec le cas, qui examineront la demande ». C’est elle qui approuvera ou rejettera leur décision. La composition de la commission est laissée à la décision de chaque communauté autonome. Quelques règles sont toutefois fixées. Sept personnes doivent la constituer : « des spécialistes médicaux, juridiques et infirmiers ».
Une loi qui suscite des oppositions
Les partis PP, UPN et Vox ont réclamé une loi pour les soins palliatifs, dénonçant une disposition qui « légalise le meurtre ». Vox a déjà annoncé qu’il ferait appel de la loi auprès de la Cour constitutionnelle, et qu’il l’abrogerait s’il arrivait au pouvoir.
Les médecins, à travers l’Organización Médica Colegial se sont opposés au texte. L’euthanasie « n’est pas un acte médical », rappellent-ils. Le comité de bioéthique espagnol a également rejeté l’idée qu’elle puisse être considérée comme un droit. L’organisation avertit de son côté qu’« elle surveillera la manière dont l’objection de conscience des professionnels est règlementée ».
Environ 420 000 personnes meurent en Espagne chaque année. Le pays est le quatrième pays européen à légaliser l’euthanasie, rejoignant les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg.
Sources : El País, Emilio de Benito (18/03/2021) ; AFP (18/03/2021) – Photo : Pixabay