L’euthanasie n’a pas sa place dans la pratique du soin

Publié le 22 Jan, 2003

Emmanuel Hirsch, directeur de l’Espace Ethique de l’AP-HP & professeur d’éthique médicale à la faculté de médecine Paris-Sud, et son adjoint Marc Guerrier expliquent que la pratique de l’euthanasie ou du suicide assisté ne peut s’associer à l’idée philosophique de la bonne mort. Pour eux, l’euthanasie est « une procédure de mise à mort qui révoque la signification même du temps de la mort ». Elle ne peut être comparée à l’action de ceux qui veulent préserver une qualité d’existence et une faculté d’autonomie au malade en fin de vie. A ce titre « nous refusons les renoncements, y compris d’ordre compassionnel ». La réflexion doit se porter sur ce qui pousse le malade à solliciter l’euthanasie : manquements et carences de la part de l’équipe médicale, sentiment d’une mort socialement anticipée, grandes souffrances physiques et morales… Chaque situation est particulière et s’apprécie au cas par cas mais toujours « au service de la personne, sans excès avec décence et dans le respect des règles déontologiques ». C’est dire que « les pratiques euthanasiques relèvent souvent de dysfonctionnements et d’insuffisances ».

Emmanuel Hirsch et Marc Guerrier jugent que ce n’est pas à la loi de régir la mort d’une personne car c’est « une affaire intime, mieux une affaire ultime » d’autant plus que le dispositif législatif contribue « à banaliser des transgressions incompatibles avec les principes de soins ». Ils appellent à « privilégier une approche individuelle qui procède d’un sens des responsabilités insoumis à des procédures indifférenciées » comme les soins palliatifs. Emmanuel Hirsch et Marc Guerrier rappellent qu’il n’est pas toujours possible d’appliquer « les principes éthiques de bienveillance et de bienfaisance » et que dans ces cas, il faut privilégier une « éthique dite du moindre mal » qui n’est ni un renoncement ni l’incapacité à reconnaître le respect de la personne et ses droits. Enfin, on ne peut assumer "nos valeurs démocratiques dans leur créativité au service de la vie" en livrant des situations limites à des pratiques d’exception. 

Le Figaro (Emmanuel Hirsch et Marc Guerrier) 22/01/03

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