L’évolution de la science entraîne une révolution anthropologique

Publié le 20 Mar, 2006

Le biologiste Henri Atlan professeur émérite de biophysique à l’université Paris-VI et au Hadassah Medical Center de Jérusalem a récemment publié "L’utérus artificiel", ouvrage dans lequel il pose l’hypothèse futuriste d’une "gestation extracorporelle". Il vient aussi de publier "Athéisme de l’écriture" le deuxième tome des "Etincelles du hasard".

Dans le Figaro, il analyse la révolution anthropologique entraînée par la biologie contemporaine.

Dans un premier temps, il rappelle que le concept de l’utérus artificiel n’est pas "pour demain". Par cet ouvrage, il souhaite mettre l’accent sur le fait, que depuis 50 ans, nous sommes rentrés dans un processus de dissociation entre procréation et sexualité, dont l’utérus artificiel pourrait être le point d’orgue. Il explique que ce livre n’est "qu’ une façon d’éclairer d’une lumière plus crue un ensemble de problèmes de société actuels posés par les bouleversements bien réels des structures familiales et des modes de procréation, avec relations nouvelles entre hommes et femmes et entre adultes et enfants".

Pour lui, nous sommes engagés dans un ensemble d’expérimentations, à la fois biologiques et sociales. Il explique que l’évolution de la condition féminine a bouleversé aussi la masculinité. C’est la première fois dans l’humanité qu’un "enfant peut naître de l’ovule d’une femme et être porté dans l’utérus d’une autre". Ainsi, dans un avenir lointain, la technique permettra à la grossesse de se dérouler totalement en dehors du corps de la femme, recouvrant ainsi les 24 semaines qui suivent une fécondation in vitro et le stade à partir duquel des bébés grands prématurés peuvent se développer en couveuse.

Il pense que l’utérus artificiel se réalisera car la technique le permettra et qu’il satisfera une demande sociale. Comme pour toutes les techniques de procréation médicalement assistée, cette évolution s’appliquera au départ en raison de contraintes médicales puis, par la suite, certaines femmes voudront l’utiliser en l’absence de toute pathologie.Il se demande comment la société pourra arrêter un tel processus, car le prohiber reviendrait à interdire aux femmes la libre disposition de leur corps.

Pour Henri Atlan, il s’agit d’analyser les conditions dans lesquelles ce processus aboutira soit à des conséquences catastrophiques, soit au contraire à "une libération des souffrances et aliénations naturelles et sociales permettant un épanouissement des enfants et des adultes dans [ce qu’il appelle] une utopie fraternelle". Il pense que le progrès moral accompagnant le progrès scientifique et technique n’est pas inéluctable mais il pense aussi qu’il n’est pas impossible.

Le Figaro (Marie – Laure Germon – Alexis Lacroix) 20/03/06

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