L’industrie de la GPA en Inde : les donneuses sont pauvres et n’ont pas d’autre moyen de gagner de l’argent

Publié le 20 Juin, 2018

La plupart des donneuses d’ovocytes indiennes sont des femmes pauvres et les sommes qu’elles tirent de la vente de leurs gamètes sont nettement plus élevées que tout ce qu’elles peuvent gagner par ailleurs. « Beaucoup de femmes font ce travail parce qu’elles n’ont pas d’autre moyen de gagner de l’argent », explique froidement Savitri, une femme chargée de dénicher et de convaincre les futures donneuses d’ovocytes et les futures mères porteuses.

 

Elle a elle-même commencé par « donner » ses ovocytes à 21 ans, puis effectué une grossesse pour autrui. Cette GPA a été une très mauvaise expérience pour elle. « Donner l’enfant a été très perturbant émotionnellement et mon fils a également été affecté. Il était jeune et il vivait avec moi dans la maison [des futurs parents]. Il me demande toujours où est sa petite sœur ». Les dons d’ovocytes sont aussi durs à vivre, les injections sont douloureuses…

 

Savitri est maintenant recruteuse, c’est plus confortable pour elle car elle payée à la commission, chaque fois qu’elle amène une nouvelle donneuse ou une nouvelle mère porteuse, mais « c’est un business très compétitif où la loyauté n’est commandée que par l’argent ». Vols d’ovocytes pour les revendre plus chers dans une autre clinique, avortement de dernière minute si un contrat de GPA mieux payé est trouvé entre temps… « Il y a des médecins qui escroquent les mères porteuse et les donneuses, et d’autres fois ce sont les donneuses qui escroquent les médecins. Personne n’est là par charité ». Les femmes sont difficiles à convaincre, leurs maris encore plus, mais quand ils comprennent quelles sommes sont en jeu, ce sont eux qui poussent leur femme à aller se faire opérer.

 

Les donneuses sont classées en deux catégories, les diplômées sont plus chères, les non diplômées, moins chères. Pour ces dernières, il existe une option intermédiaire qui consiste à passer des tests de QI ; ils sont encouragés par les cliniques de fertilité. Pour les couples prêts à payer encore plus cher, il est possible de rendre visite à la donneuse, car ils estiment ainsi « qu’ils pourraient avoir une idée de la qualité des gènes de la donneuse ». La plupart des couples veulent que la donneuse soit « blanche et belle », quitte à payer encore plus cher.

 

Les campagnes de publicité des cliniques de fertilité veulent faire croire que le processus est ultra simple, mais Rakhi Ghoshal, rédacteur à l’Indian Journal of Medical Ethicst déplore ce mensonge : « Il faut parler des limites, du taux de réussite et de la détresse physique, émotionnelle et financière des personnes subissant ces procédures, et les exposer aux yeux de la société ». Peu de couples commanditaires sont au courant des risques que le processus fait prendre aux donneuses. Et la plupart des donneuses ne sont pas au courant non plus… Trop stimuler ses ovaires peut avoir des conséquences médicales. Actuellement, des recherches sont en cours pour évaluer si les femmes qui prennent des hormones pour ces procédures augmentent le risque de développer un cancer. Un projet de loi au Parlement envisage de rendre obligatoire l’information sur ces risques avant de procéder à un don d’ovocyte.

Bioethics (20/06/2018) – http://www.bioethics.com/archives/43744

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