Master-class Science et éthique : « Nous avons tous un rôle à jouer »

Publié le 19 Juil, 2024

Pour la 8e année, la Chaire de Bioéthique Jérôme Lejeune propose une Master-class « Science et Ethique, des fondements à la pratique ». Pierre Ecrement et Paola de Condé ont suivi cette formation d’expertise. Ils nous parlent de leur expérience et de l’importance de cet enseignement afin d’être bien armé pour poser des choix éthiques responsables.

 Gènéthique : quel est votre parcours ? Pourquoi avez-vous choisi de suivre la Master-class ?

Pierre Ecrement : J’ai effectué mon externat à Paris, puis j’ai choisi de me spécialiser en médecine interne. J’ai suivi la Master-class la première année de mon internat, avant de me lancer dans la vie professionnelle et la médecine hospitalière. J’en avais entendu parler par un étudiant du centre dans lequel je préparais le concours.

Alors que les « sirènes progressistes » se font de plus en plus insistantes dans de nombreux domaines, comme la PMA (cf. PMA : le retour du marché, mais pas (encore) du père ?), l’avortement (cf. IVG : les eurodéputés votent un texte symbolique qui va loin dans l’ingérence), la GPA (cf. GPA : un risque élevé de morbidité maternelle sévère pour les mères porteuses), ou la fin de vie, l’importance de suivre une formation de qualité sur les enjeux bioéthiques s’est imposée à moi suite à la rencontre des personnes rendues très vulnérables par leurs états de santé.

Professionnellement, en tant qu’interne, cette année marquait en outre de manière plus concrète ma prise de responsabilité dans la gestion de patients hospitalisés, et je pressentais bien que, tôt ou tard, je devrais faire preuve d’une argumentation solide pour faire face à de possibles oppositions de la part de mes collègues. Sur ces questions bioéthiques, je disposais alors de peu d’arguments bien construits pour faire valoir mon point de vue. Je me souviens d’ailleurs avoir été mis en difficulté au cours de mon externat lors d’un stage en oncologie où, face à la fin de vie d’une patiente, le médecin référent avait statué sur l’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de façon abrupte et possiblement « trop anticipée ».

Paola de Condé : J’ai fait des études de droit, mais depuis quelque temps, j’entendais parler de la Master-class par des amies. J’ai été séduite par la variété des enseignements de cette formation. Etant en master en droit de la santé, j’étais désireuse de bénéficier d’un enseignement complémentaire sur des thématiques auxquelles je pourrai être confrontée dans ma vie professionnelle.

J’ai eu en outre la chance de suivre la Master-class avec ma sœur, étudiante en médecine. La richesse des enseignements dont nous avons bénéficié ensemble nous a sans doute rapprochées, car ils nous ont amenées à nous poser des questions que nous pouvions partager.

G : La Master-class vous a-t-elle permis de porter un autre regard sur la bioéthique ou sur certaines pratiques ? Avez-vous des exemples à nous partager ?

PE : La Master-class a affermi certaines des intuitions que j’avais déjà. Elle a été particulièrement éclairante pour moi sur les enjeux liés à la PMA et à l’avortement. Elle a considérablement renforcé mes convictions sur le bien-fondé de défendre la vie, particulièrement à son début (cf. Recherche sur l’embryon : le Conseil d’Etat sanctionne deux autorisations illégales).

Face à des situations complexes comme la fin de vie, la Master-class m’a également donné des outils de discernement pour savoir quand s’arrêter sur le plan curatif, selon la situation unique de chaque malade. Le souvenir d’une patiente en situation d’insuffisance cardiaque terminale, dont je m’étais occupé l’année dernière, me revient. Je me rappelle très nettement le moment où l’arrêt des soins curatifs m’est apparu comme « nécessaire » lorsque je suis entré dans sa chambre un matin.

Les enseignements de la Master-class sur la dignité de l’homme m’aident aussi dans chaque situation de fin de vie à m’investir davantage dans le soin à cette étape, et à les considérer sous un autre angle, conscient du grand mystère que constitue chaque patient qui nous est confié au terme de son existence (cf. Projet de loi sur la fin de vie : « une rupture profonde dans ce qu’est l’éthique de l’engagement soignant »).

Enfin, le coté rationnel de la Master-class m’a par ailleurs plu. La possibilité de pouvoir exposer des arguments fondés sur le bon sens et la raison est très appréciable, car ils peuvent être entendus par tous.

PC : Je me suis retrouvée au milieu d’étudiants en médecine ou issus du monde paramédical, un milieu qui ne m’était pas très familier. Mais la Master-class traite de problèmes éthiques très variés en les abordant sous des angles différents. Certains cours donnés par des juristes ou des avocats m’ont particulièrement parlé, notamment parce qu’ils différaient de ce que j’avais pu entendre jusque-là à l’université.

Les interventions des professeurs de médecine m’ont en outre permis de mieux prendre conscience de la réalité et des conséquences des débats actuels, comme celui sur la fin de vie notamment (cf. Fin de vie : « c’est le système de valeur de la société avec ses repères qu’il nous faut reconsidérer »). Elles m’ont sensibilisée aux dérives éthiques du monde contemporain, en me faisant réaliser que nous avions tous un rôle à jouer pour inverser cette tendance.

Enfin, les enseignements de philosophes, comme celui qui portait sur la dignité, m’ont permis de prendre de la hauteur sur des problématiques très concrètes (cf. « Si la technique n’est pas au service de la dignité, du respect de la nature, elle n’est pas un progrès »). La complémentarité des enseignements est l’un des atouts de cette formation. Elle ouvre des horizons à tous ceux qui la suivent.

G : la Master class vous semble-t-elle importante dans le parcours des soignants ?

PE : Je ne peux que recommander cette Master-class à tous les soignants (cf. Master class Science et éthique Jérôme Lejeune : se former pour « exercer sa profession en toute cohérence et au service de la vie de nos patients »). Elle constitue une formation permettant de faire face de manière argumentée et solide aux dérives de plus en plus pressantes. Nous avons je crois, en tant que personnel soignant, une responsabilité à nous former afin de donner des réponses convaincantes à des questions si douloureuses parfois. Avoir des bases cohérentes et solides donne un socle précieux dans notre pratique qui nous confronte de très près aux questions bioéthiques.

Cette formation nous permet également d’apprendre ou de préciser les enjeux magnifiques et transcendantaux qui sont au cœur de nos métiers au service de la santé et des personnes.

PC : Dans le domaine de la santé, il me semble aujourd’hui capital que les étudiants se forment de manière solide afin d’être parés pour exercer leur métier dans des environnements parfois hostiles à des principes et valeurs issus du droit naturel (cf. Master class Science et éthique Jérôme Lejeune : servir la vie humaine).

A mon sens, la nécessité de se former s’applique à tout jeune qui désire contribuer à une évolution vertueuse des mentalités, des politiques et des pratiques sociales. Je crois qu’une intelligence qui s’élève, élève la société. C’est ce que la Master-class de science et éthique propose, et qui m’a convaincue.

 

Informations pratiques :

Pour qui ? Une formation d’expertise pour les médecins et étudiants en médecine (dès la 1ère année), ainsi que pour les infirmières, sages-femmes, chercheurs, biologistes. Quelques places sont aussi réservées aux juristes et philosophes ayant une expérience dans le domaine de la bioéthique (Bac+3 minimum).

Où ? sur place (Centre bioéthique Jérôme Lejeune, 37 rue des Volontaires 75015 Paris) ou en e-learning.

Quand ? d’octobre 2024 à mai 2025, les mardis soirs (20h–22h) et 2 samedis par semestre (9h–19h)

Tarifs : Pour les étudiants : 210 € ; Pour les professionnels : 270 €

Informations et inscription : du 1er juin au 30 septembre 2024

Pour plus de renseignements : https://www.fondationlejeune.org/defense-vie-humaine/education/master-class-bioethique/

Photo : iStock

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