En publiant une tribune de Corine Lesnes, Le Monde revient sur l’affaire Nadya Suleman, cette jeune (33 ans) mère célibataire de 14 enfants, tous issus d’une insémination artificielle – avec même donneur, "un ancien boy friend compatissant" (cf. Synthèse de presse du 28/01/09, du 02/02/09 et du 09/02/09). Surnommée l’"Octomom" outre-Atlantique, la jeune femme a expliqué sa "hâte d’avoir des liens avec une autre personne" : enfant unique, elle a aussi regretté que ses parents "ne soient pas restés ensemble" .
La société américaine s’est interrogée sur les octuplés et l’ordre des médecins a ouvert une enquête sur les pratiques du Dr Kamrava. Rappelons ici que l’American Society for Reproductive Medicine recommande de limiter à deux le nombre d’embryons à réimplanter pour les femmes de moins de 35 ans.
Ensuite, c’est l’aspect financier de l’affaire qui a choqué : Nadya Suleman vivant en partie grâce à l’aide sociale, "des dizaines d’assurés ont appelé la compagnie Kaiser pour protester par avance, au cas où le coût d’entretien des octuplés serait répercuté sur leur prime". Alors qu’elle venait d’ouvrir un site Internet pour récolter des dons, la jeune femme a reçu des menaces de mort et a dû s’exiler quelques jours.
Mais, "on s’est peu formalisé du fait que Nadya Suleman ait pu faire quatorze bébés toute seule", souligne Corine Lesnes. C’est que, aux Etats-Unis, "les clientes des banques du sperme peuvent faire tranquillement leur marché" : "la seule chose qu’on demande à une femme seule qui veut être enceinte, c’est une carte de crédit", assure la journaliste Guillemette Faure, auteur de "Un bébé toute seule" (Flammarion, 2008). "Rien de tel ne se produirait en France", conclue Corine Lesnes qui se demande "pourquoi les femmes seules peuvent se faire implanter des embryons à Bruxelles et à Madrid, mais pas à Paris".
Le Monde 19/02/09