Mgr Pierre D’Ornellas, archevêque de Rennes et chargé des questions de bioéthique pour les évêques de France, s’est exprimé, dans une interview donnée au journal La Croix, sur la décision de la CEDH concernant l’arrêt de la suspension et de l’alimentation artificielles de Vincent Lambert (cf. Synthèse Gènéthique du 8 juin 2015).
Il se déclare inquiet « du fait que la CEDH n’ait pas mis plus en avant le devoir de protection du plus vulnérable ». « Ce devoir fondamental est valable pour tous les cas », rappelle-t-il.
Interrogé sur l’état de conscience de Vincent Lambert, l’évêque rappelle que « comme cela a été dit au cours du débat parlementaire sur la fin de vie, ce n’est pas parce que nous ne pouvons pas saisir des expressions de la conscience qu’il n’y a pas de conscience ». « La conscience ne se réduit pas à ses manifestations », insiste-t-il.
Il rappelle de plus que « d’après ce que dit la Cour européenne des droits de l’homme, à la suite du conseil d’Etat, on est aujourd’hui incapable de savoir si (Vincent Lambert) souffre ou non ».
Pour l’évêque de Rennes,Vincent Lambert appelle à un « surcroît d’humanité ». « Le regard humain, c’est considérer toute vie humaine comme un bien précieux, quelles que soient ses vulnérabilités ». « Avons-nous le cœur assez ouvert pour le considérer comme une personne capable, dans son état pauci-relationnel, sans manifestations de conscience, de nous apporter quelque chose ? ».
« De telles vies nous bousculent, mais elles ne sont pas inutiles, comme d’ailleurs aucune vie humaine », a-t-il enfin déclaré.
La Croix(Mgr Pierre D’Ornellas), 12/06/2015