Michel Ghins : à propos de l’euthanasie

Publié le 10 Avr, 2008

Michel Ghins, professeur de philosophie à l’Université Catholique de Louvain, revient sur la question de l’euthanasie : "plutôt que de vouloir élargir l’accès à l’euthanasie, il faut mobiliser toutes les forces pour lutter contre la souffrance, par un développement considérable des soins palliatifs", explique-t-il.

Pour lui, le débat sur l’euthanasie porte non seulement sur "ce qu’il est permis de faire face à la souffrance insupportable, mais aussi, et plus profondément, sur la vision philosophique que l’on a de l’homme, de sa valeur et de sa liberté" : "d’un côté, l’argumentation en faveur de l’euthanasie s’appuie sur l’autonomie individuelle, entendue comme le pouvoir de décider, par et pour soi-même, en quoi consistent le bien vivre et le bien mourir (…). De l’autre côté, la défense du respect inconditionnel de la vie humaine souligne que notre liberté ne s’étend pas au pouvoir de décider de ce qui est bien et de ce qui est mal. Il existe des valeurs réelles, auxquelles je suis certes libre de me conformer ou non, mais qui existent indépendamment de moi".

Michel Ghins constate cependant que les partisans comme les opposants à l’euthanasie se rejoignent sur la question de la lutte contre la souffrance : ne pas faire d’acharnement thérapeutique, "c’est-à-dire de traitement curatif disproportionné qui viserait une guérison impossible à obtenir et qui infligerait des souffrances inutiles au malade et à sa famille. Ensuite, il s’agit d’accompagner humainement, spirituellement et médicalement la personne pour alléger ses souffrances et adoucir sa fin de vie. L’expérience montre qu’un accompagnement palliatif adéquat supprime presque toujours la demande d’euthanasie. Celle-ci est le plus souvent un appel à l’écoute, à la présence aimante et au soulagement de la souffrance, plutôt qu’une demande qu’il soit effectivement mis fin à la vie".

Il rappelle que l’euthanasie est "toujours un homicide et une transgression, qui ne saurait être incluse dans les soins palliatifs. Elle n’est pas un acte médical. Elle reste contraire au serment d’Hippocrate (…)".

Michel Ghins encourage la solidarité familiale et le développement de moyens supplémentaires pour les personnes qui accompagnent les malades en fin de vie. Il met en garde contre une "nouvelle forme pernicieuse d’inégalité sociale entre ceux qui pourront s’offrir un accompagnement palliatif et ceux qui, confrontés à la souffrance dans l’indigence et la solitude, se verront acculés à demander que l’on mette fin à leurs jours. Pourra-t-on alors encore parler, pour ces derniers, d’une véritable liberté de choix  ?".

www.lalibre.be 05/04/08

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