Modifier la Constitution « avec des propositions de vie et non de mort » exhorte le Vatican

Publié le 8 Fév, 2024

Le 7 février, Vatican News, le média officiel du Vatican, s’est fermement opposé à l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution française.

Cette prise de position intervient alors que le projet de loi va prochainement être examiné par le Sénat (cf. IVG dans la Constitution : le Sénat, un « caillou » dans l’engrenage du projet de loi ?), l’Assemblée nationale ayant approuvé, avec une quasi-unanimité, l’inscription dans la Constitution de la « liberté garantie » pour les femmes d’avoir recours à l’IVG (cf. IVG dans la Constitution : un quasi plébiscite des députés en première lecture).

« L’avortement est un meurtre »

Alors que le Pape François avait adressé « un message fort d’espoir, de lumière et d’engagement » à la France lors de sa visite à Marseille en septembre dernier (cf. Fin de vie : la mise en garde du Pape contre une « euthanasie humaniste »), le pays s’apprête à se doter d’une « Constitution contraire à la vie » dénonce le Vatican dans un éditorial écrit par Massimiliano Menichetti, responsable de Vatican News et Radio Vatican.

« Comment est-il possible de juxtaposer dans la charte fondamentale d’un Etat le droit qui protège la personne et celui qui sanctionne sa mort ? » s’insurge le Saint siège, qui affirme que « l’avortement est un meurtre » (cf. Constitutionnalisation de l’avortement : le « mensonge qui tue » en « étendard »).

Reprenant les mots du pape, Vatican News dénonce « le drame du rejet de la vie humaine qui prend différentes formes, de la vie rejetée des migrants à celle des enfants à naître, en passant par celle des personnes âgées abandonnées ». Face aux conditions des plus vulnérables, il demande « de ne pas se détourner, d’aimer, de reconnaître l’autre » (cf. Fin de vie : « aider chacune et chacun à garder le goût de vivre »).

« Les embryons continuent d’être manipulés et sélectionnés comme s’ils étaient des matériaux »

Le Vatican déplore que l’embryon ne soit pas considéré comme une personne (cf. Si l’atteinte par accident à la vie d’un enfant non encore né n’est pas un homicide involontaire, qu’est-ce donc ?). Pourtant, « nous vivons dans une société technologiquement avancée, informatisée et connectée » relève Massimiliano Menichetti. « La croissance de l’être humain dès sa conception n’est plus un secret depuis des décennies » ajoute-t-il (cf. Dès cinq jours de développement, l’embryon communique avec sa mère). Même si nous utilisons des mots différents en fonction des stades de développement, « pré-embryon, embryon, nourrisson, enfant, adolescent, adulte, personne âgée », « il s’agit toujours d’une personne » affirme le Vatican (cf. « Dans un pays libre comme le nôtre, on doit pouvoir discuter pour savoir si l’embryon est ou non une personne humaine »).

« Est-il juste de tuer une vie humaine pour résoudre un problème ? » avait déjà interrogé le souverain pontife lors d’un de ses voyages. « Une société ne se mesure pas à ses interdits, mais à sa capacité d’aimer, et “la liberté grandit avec l’amour” » souligne l’éditorial. « L’humanité a toujours condamné toute théorie eugénique, mais les embryons continuent d’être manipulés et sélectionnés comme s’ils étaient des matériaux et non des personnes » insiste Massimiliano Menichetti (cf. Embryons génétiquement modifiés : le Conseil d’Etat désavoue l’ABM). « Dans ce contexte, l’avortement est à la fois prémisse et conséquence », « c’est comme si nous n’étions plus capables de voir, d’être libres ».

Créer un « horizon fraternel, qui prend en charge l’autre »

« Nous nous enfermons souvent dans des oppositions politiques ou idéologiques stériles » regrette le Vatican, « le défi est de voter des lois et de modifier des constitutions avec des propositions de vie et non de mort » (cf. IVG dans la Constitution : « l’enjeu est celui de la liberté des citoyens, et pas seulement de la femme »). Prenant l’exemple des « centres de soutien à la vie » existant en Italie, il propose de mettre en place une politique de soutien aux femmes enceintes. « De nombreuses vies seraient sauvées (…) si les femmes étaient soutenues sur les plans économique, juridique, psychologique, religieux et social, au moment dramatique où l’avortement semble être la seule solution » explique Vatican News (cf. La prévention de l’avortement : garantir le droit de ne pas avorter).

Ces mesures permettraient de créer un « horizon fraternel, qui prend en charge l’autre, la personne » et « construit des sociétés qui ne se résignent pas, mais marchent vers une authentique culture de l’accueil, du partage et de la paix » (cf. « Là sont l’urgence et la fraternité : offrir à tous un droit effectif à être soigné et accompagné dignement »).

 

Sources : La Croix, Loup Besmond de Senneville (07/02/2023) ; Vatican News, Massimiliano Menichetti (07/02/2024) – Photo : iStock

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