Ne pas légiférer sur l’aide au suicide

Publié le 2 Oct, 2007

Marie de Hennezel revient, elle, sur le débat relancé par le suicide de l’actrice Maïa Simon (cf. Synthèse de presse du 24/09/07) et “l’exploitation médiatique” qui en est faite.

 

Elle rappelle que “la question de l’euthanasie est dépassée” parce que, aujourd’hui, toutes les souffrances peuvent être soulagées. Mais, nombre de médecins ignorent encore, non seulement la loi Leonetti sur la fin de vie, mais aussi qu’il existe d’autres solutions pour apaiser certaines souffrances que d’abréger la vie. “Il faut donc les informer et les former”, insiste-t-elle, afin que la loi de 2005 puisse être appliquée. Une fois cet objectif atteint, il n’y aura, d’après elle, plus lieu de parler d’euthanasie.

 

Cependant, le mot “euthanasie” est souvent employé pour évoquer un autre débat, celui de l’aide au suicide. Dans ce débat, les personnes qui ne supportent plus de vivre (à cause d’une maladie incurable ou de handicaps majeurs) et qui demandent à mourir devraient nous renvoyer à notre regard sur elles. “Le devoir d’une société démocratique, soucieuse de sa solidarité avec les plus vulnérables, est d’abord d’explorer toutes les réponses humaines et sociales susceptibles de confirmer à ces personnes qu’elles ont leur place dans notre monde et que leur “dignité” n’est pas entamée.”

 

Par ailleurs, pour Marie de Hennezel, notre devoir est d’anticiper les dérives possibles d’une loi qui ouvrirait à la possibilité d’éliminer ceux qui nous dérangent ; comme aux Pays-Bas et en Belgique par exemple, où l’on envisage la possibilité d’euthanasier les personnes dépressives et démentes…

 

Néanmoins, la psychologue admet qu’il demeure des cas où, donner une aide active à mourir, ne devrait pas donner lieu à des poursuites. Sans modifier le code pénal, elle avait déjà proposé, dans un rapport remis en 2003 à Jean-François Mattéi, la mise en place d’une circulaire pénale demandant aux juges de se saisir de ces cas extrêmes.

 

Quant aux personnes qui réclament, au nom du droit à disposer de leur vie, une loi sur le suicide assisté, elles ignorent sciemment le poids psychologique qu’elles feront porter à une tierce personne.

 

Ainsi, “la prudence vis-à-vis des dérives possibles d’une loi, la protection des plus faibles et enfin la protection de la mission du médecin qui est de soigner, et non pas de donner la mort, plaident en faveur d’un refus de légiférer sur le suicide assisté”, conclut-elle.

La Croix (Marie de Hennezel) 02/10/07

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