« Nous avons tous la même valeur et nous devrions tous avoir la même valeur »

Publié le 24 Mar, 2020

« Il est paradoxal (et consternant) de constater qu’aujourd’hui nous défendons la mixité et encourageons l’inclusion, mais que nous avons un système qui autorise l’élimination des personnes handicapées avant leur naissance ». C’est le « nouvel eugénisme » explique Hans Reinders, professeur de déficience intellectuelle aux Pays-Bas, qui tâche de « mettre fin à des vies perçues comme de mauvaise qualité pour éviter d’éventuelles souffrances ». Une étude menée aux États-Unis, au Royaume-Uni, en Nouvelle-Zélande, en France et à Singapour, estime que 92 % des grossesses diagnostiquées avec trisomie 21 sont interrompues.

 

Heidi Crowter, jeune femme britannique porteuse de trisomie 21, milite actuellement pour faire modifier la loi sur l’avortement au Royaume-Uni. Actuellement l’IVG y est autorisée jusqu’à 24 semaines pour les fœtus en bonne santé et jusqu’au terme pour ceux  qui ont « un risque important de handicap grave ». Pour la jeune femme, cette distinction est une atteinte grave au principe d’égalité. D’autant plus que le gouvernement britannique a ratifié la Convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées en 2009 et a adopté en 2010 une loi garantissant l’égalité de traitement des personnes handicapées. « Nous avons tous la même valeur et nous devrions tous avoir la même valeur », martèle la jeune femme, qui souhaite qu’à partir de 24 semaines de grossesse, tous les bébés soient traités de manière égale, qu’ils soient porteurs de handicap ou non. Dans un sondage Com Res de 2017, 53 % des Ecossais s’étaient par exemple montrés favorables à la suppression de la possibilité d’avorter après 24 semaines en cas de handicap. La loi actuelle est une « discrimination fondée sur le handicap », pour Heidi Crowter : « Soit le fœtus mérite une protection à 24 semaines, soit il n’en mérite pas. Cela ne devrait pas dépendre de son statut d’handicapé ».

« Apprenez à connaître quelqu’un comme moi. Il y a une personne derrière le chromosome », a répliqué Heidi Crowter à une journaliste de la BBC qui lui demandait comment répondre avec compassion à la difficulté des familles face au handicap. Plus concrètement, elle propose de multiplier les soignants de référence, « afin de soutenir les familles lors du diagnostic et de former les personnes impliquées », de faciliter l’adoption, et d’augmenter les aides financières pour les personnes à besoin spécifique et le soutien à leurs familles.

Alors qu’aujourd’hui les droits des personnes porteuses de handicap sont inscrits dans le droit international, l’avortement pour cause de trisomie 21 est un « choix délibéré sur la base du handicap » qui « nie la valeur innée de la personne ». Finalement, les personnes porteuses de handicap, comme Heidi, sont « piétinées par cette course qui vise à éliminer le handicap ».

Pour aller plus loin :

Angleterre : moins de bébés trisomiques à cause du DPNI

Bébé parfait, eugénisme, transhumanisme : l’enchainement

USA : l’Utah vote l’interdiction d’avorter les fœtus porteurs d’anomalie génétique

De plus en plus d’avortements tardifs au Royaume-Uni : une banalisation de l’IVG

The Herald Scotland, Dr Gillian Wright (21/03/2020)

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